Un film de metalleux, avec des vrais morceaux de Hellfest dedans
Derrière chaque metalleux, y'a un petit coeur qui bat. MORT ! MORT ! SON AMOUR EST MORT ! MORT ! MORT ! Voilà, grosso modo, comment ce film commence. Saupoudré de double pédale, de basse qui claque et d'une grosse guitare bien baveuse. Le petit local de répète derrière le resto chinois du batteur, le bassiste qui doit aller chercher ses gosses... Bref, c'est des trentenaires qui font du metal et qui patinent sévère.
Le petit metalleux en moi s'est vite remis du choc culturel après qu'il a vu "Julien Doré" sur l'affiche. Mine de rien, il est très bon. Il a un charisme, c'est indéniable. Il aurait fait du metal, il aurait sûrement eu du succès, mais non, monsieur préfère faire du ukulélé et reprendre du K-Maro sur un balcon. Je lui en veux pas, y'en a pour toutes les sensibilités. Mais... putain Julien. T'es parfait dans ce film, bordel ! T'es trop satanique. Peut-être même trop pour pas que ça semble cliché. Mais au fond, qu'est-ce qu'on en a à cirer, hein ? T'es bon là-dedans, et voilà, c'est le principal. Honnêtement, je m'attendais pas à ça.
Pour les autres acteurs/musiciens, c'est plus compliqué de tirer des conclusions sur leur changement, parce que, et c'est encore indéniable, peu importe ce qu'ils font d'habitude, ça marche aussi. Du bassiste qui tire la gueule parce qu'il est exaspéré par le chanteur (et qu'il aimerait bien chanter un peu aussi), le guitariste qui en a marre de faire du black parce que "putain, ça fait 15 ans qu'on joue et j'ai jamais fait un solo dans un morceau. En 15 ans. Je m'en fous, la prochaine fois, je fais un solo". NA ! Et y'a le batteur. Celui qui prête tout. Du local de répète au van pour aller au Hellfest... et qui passe pour une précieuse parce que son van a une bosse sur le pare-choc "Mais les gars, j'ai un prêt, moi, pour ça". Et le chanteur qui ne voit la société que par le prisme du black... C'est cliché mais ça marche.
C'est ça qui est bien dans ce film, c'est que c'est un cliché permanent. Mais un cliché qui s'assume. A prendre au trente-septième degré. Je pense que ça montre surtout que le metal, bah faut que ça vienne des tripes et que ce soit viscéral, parce que ça finit par passer. Et qu'il faut toujours avoir la même hargne, surtout quand t'es un petit groupe qui patine. Parce que même au niveau des répliques, c'est du cliché. Du début à la fin. "J'ai un cancer les gars. Je vais perdre mes cheveux. Je vais devoir porter un bonnet en été. Comme les rappeurs".
Pop Redemption, c'est aussi un film sur la mort, la mort réelle, mais aussi symbolique. "Qu'on arrête le black, je suis d'accord. Qu'on tue un gars, pourquoi pas. Mais faire de la télé-réalité, y'a des limites". C'est aussi la mort d'une certaine innocence que vous procuraient vos cheveux. "Vous étiez pas obligés de les couper, j'aurais pu les attacher putain". Et Alexandre Astier. Avec le verbe et le phrasé d'Alexandre Astier. C'est juste la cerise sur ce putain de gâteau au sang !
J'ai finirai en tirant mon chapeau à l'équipe du film, qui a réalisé un super projet, avec un vrai Hellfest à la fin. Mais un vrai de vrai, hein. Sur la Mainstage 1, qui plus est. Devant 2000 personnes. Juste après les Guns. Honnêtement, c'était un beau défi. Plus que réussi. Dommage que le public n'a pas suivi en salles. Peut-être que le français est encore trop catholique et que, quand il voit des gars déguisés en Manson, bah il voit "des vampires, des vampires je vous dis". Alors, oui, c'est peut-être facile, mais je suis pas vraiment étonné que le film n'ait pas été une réussite en France. Dommage parce que moi je l'ai trouvé vraiment excellent.