Première rencontre avec l'art d'Hayao Miyazaki, Porco Rosso, considéré comme une oeuvre phare de sa carrière, m'a quelque peu déçu. Non pas que le film soit mauvais (il n'en est pas question ici), seulement qu'on vend souvent trop les oeuvres du réalisateur à ceux qui pourrait ne jamais en avoir vu. Un peu comme on sur-estimerait l'originalité des plans d'un Tarantino, ou qu'on sous-estimerait la vision d'auteur d'un Michael Bay.
Mené par un Jean Reno que je ne savais pas excellent en tant que doubleur, Porco Rosso, qu'il incarne avec beaucoup d'émotions, trouve toute sa fraîcheur dans l'univers visuellement si particulier de Miyazaki : haut en couleur, profondément gai, il multiplie les scènes d'espoir et d'humour fin en laissant, souvent, un sourire sur les lèvres du spectateur. Il y a quelque chose d'apaisant dans ce film, une sorte de zen attitude des drames et des joies, sans que rien ne semble avoir de véritable importance dramatique.
Si on le prend comme une comédie, ses personnages n'en demeurent pas moins attachants, le duo formé par Porco Rosso et Fio demeurant, de mémoire, l'une des plus belles histoires de transposition de figure parentale qu'on peut voir dans l'animation des années 90. De même que tout le reste du casting est excellent, on pourra cependant se questionner sur la soudaineté d'une fin qui, contrairement à tout le reste du film, manque de développement, de narration visuelle.
Si tout le reste était bien posé (l'intrigue de l'oeuvre, certes trop simpliste, était amenée avec maîtrise et clarté), on se surprend à voir Porco Rosso retomber comme un cheveu sur la soupe. Il n'est pas question d'une conclusion qui ne contente pas par son déroulé; non, c'est sa brièveté qui déçoit, alors qu'elle dévoilait l'ultime moment du film, le destin des personnages. A l'inverse d'un Dark Knight Rises qui en montrait trop, Porco Rosso n'en montre pas assez en bâclant le destin de ses personnages sur une pauvre petite minute très bien animée mais narrée de manière trop abrupte, sans laisser le temps à l'intrigue de dévoiler toute la grandeur, et la beauté, de sa fin tant attendue.
Passage gênant qui n'entrave heureusement pas le reste de l'expérience, aux couleurs égères et à l'animation réussie, même si l'on pouvait, peut-être, s'attendre à un peu mieux. En soit, ce n'est pas vraiment un problème du film; surtout du à comment on me l'a vendu, mon interlocuteur considérant Porco Rosso comme l'un des meilleurs Miyazaki et animés faits à ce jour.
Je peux comprendre pourquoi; son univers si particulier, avec ce cochon suffisamment mystérieux pour s'imposer, dès les premières minutes, comme un personnage inoubliable et profond; sa magnifique histoire d'amour cachée, non avouée, non assumée entre deux anciens partenaires, détruite par une malédiction dont on connaît assez peu pour garder l'intérêt de la superstition; ou même ces très jolis passages en avion, qu'ils concernent seulement le vol ou des combats aériens, parfaitement conclue par une élévation dans le ciel dont la puissance narrative reste en tête.
Mais voilà, cela manque de drame d'originalité scénaristique; si l'univers est très original, il n'en va pas de même de cette intrigue classique au possible, de laquelle on ne retient que peu d'envolées sensibles. Les passages qui marquent étant surtout visuels, on a du mal à se souvenir de ce que l'écriture nous a véritablement apporté. Et c'est en ce sens, je pense, que Porco Rosso demandera du temps avant que j'ai seulement envie de le revoir.
Peut-être qu'une fois revu j'aurai l'impression d'être passé à côté d'un chef-d'oeuvre d'animation?