Pororoca est le nom d'une vague dévastatrice, au Brésil, formée des eaux de l'Amazone et de l'Atlantique. Elle submerge tout sur son passage comme celle qui balaie un père de famille, quand sa fillette disparait, dans le film de Constantin Popescu. Pororoca est un pur produit de l'école roumaine, parfois excessive dans son naturalisme et son allongement des temporalités. Le film dure 2h30 mais joue de la répétition pour faire sourdre une angoisse morale qui ne se libérera que dans la violence. Entre temps, Popescu enregistre le délabrement progressif, psychologique et physique, d'un homme à la dérive (prodigieux travail du comédien Bogdan Dumitrache). Entre Haneke et Zviaguintsev, mais un avec un tempo et une manière on ne peut plus roumaine, le film ne lâche pas d'une semelle son personnage principal tout en gardant cependant une certaine distance, dans une mise en scène sobre et très attentive aux sons, comme dans un film d'horreur qu'est Pororoca, dans une certaine mesure. La scène de la disparition, au début du film, est un modèle de construction en matière de plan séquence avec ces conversations hors champ et tous les détails situés au bord du cadre, invisibles pour son protagoniste principal. La lenteur, on le sait, est une notion relativement subjective au cinéma. Elle peut ici décourager ceux qui seront peu sensibles au climat général, oppressant. Pour ceux qui se laissent contaminer, elle impressionne de par sa maîtrise constante. Pororoca est bien un thriller, et suffocant à l'extrême.