Un pur et pénétrant joyau de cinéma, d'une beauté et d'une émotion renversantes...une caméra qui s'attarde sur les détails de développement du sentiment amoureux, à la perfection, qui laisse le temps à la contemplation, un fondamental qui se perd et même si ce regard caméra est celui d'une femme, son langage est universel et précède celui du sexe qui est trop souvent banalisé au cinéma. Céline Sciamma réussit ici, l'exploit de tenir notre émotion en haleine comme s'il s'agissait d'un thriller amoureux, par de longs plan-séquences qui s'attardent sur des mains, une parcelle de nuque, un morceau d'étoffe, une fossette... et le pinceau que l'on suit sur la toile nous laisse le temps de nous immerger dans cette exaltation. Les "regards" sont portés à leur magnificence comme jamais au cinéma... c'est carrément de l'ordre du sublime. Se combinent ici tous les arts, peinture, poésie, musique pour compléter le décor de cette histoire à la fois simple et intense.
Touchée aussi par la ré-interprétation du mythe d'Orphée qui donne à la fin, une ampleur exceptionnelle : Si Orphée se retourne et perd Eurydice, c'est qu'il a choisi le poète à l'amoureux, qu'il a choisi le souvenir à la vie réelle, une fin transcendée par les notes magistrales de l'été de Vivaldi...et les larmes qu'il est impossible de contenir !!!
Une ovation admirative et particulièrement enthousiaste pour cette jeune cinéaste surdouée...une nouvelle étoile est née dans le firmament du cinéma !