Il s'est placé, à la fin du visionnage, de manière tout à fait naturelle et délicate sur le podium des films de ma vie. Les entrées en scènes de Noémie Merlant et Adèle Haenel dans ce qui est devenu pour moi un des chefs d'œuvres du cinéma français m'ont laissée bouche bée. Pas de long dialogue, pas de surjeu, juste des regards. Et quels regards, ceux dont tout le monde rêve on est d'accord, la compréhension sans mots.

L'ambiance sonore, musicale et esthétique qu'a créée Sciamma ont fait le reste. Je l'ai revisionné plusieurs fois, et j'en déduis une chose, ce film est une peinture. La chaleur et la nuances des tons, les lumières et ombres superbement utilisées ont donné toute sa profondeur au film.

La musique, comme un personnage secondaire, vient se poser aux moments opportuns, pour accompagner des images qui n'en ont presque pas besoin. Le morceau de Vivaldi donne le ton aux émotions que nous vivront tout au long de ce film. Puissantes, éprouvantes, passionnées, à l'instar de ce que vivront les protagonistes. Un orage d'été qui est voué à se finir mais qui laisse des traces. Un amour qui est voué à l'éphémère mais qui marquera à jamais.

Le romantisme à son paroxysme. Le romantisme du 18eme, qui meut Marianne d'une envie de liberté, de défaire les codes et de se les réapproprier tandis qu'elle est dans l'obligation de peindre une toile des plus classique, avec face à elle Héloïse qui souhaite tout autant sa liberté mais qui sait pertinemment qu'elle n'y aura pas droit si ce n'est par une fuite imaginaire (romantique on a dit !). Fuite et rêve de liberté proposés à la page 28.

A me lire, on croirait qu'elles ne sont que deux. C'est en effet le ressenti qu'il me reste après 4 ans et de multiples visionnages. Un huit clos parfaitement mené, avec la présence d'une servante qui servira de mise en abîme de ce besoin de liberté et d'émancipation. Avortement mis en scène esthétiquement. On rappelle pourtant qu'Héloïse sort du couvent et y prend part de son plein gré. Une étape dans l'apprentissage de sa liberté de femme, de vivre, de choisir et de s'émouvoir. De ne pas se retourner, mais de se rappeler. "Ne regrettez-pas, souvenez-vous".

Si je pouvais revenir à un pan de ma scolarité, je crois que c'est une œuvre que j'aurais adorer analyser en histoire de l'art. Une œuvre transversale tant elle regroupe d'éléments de lecture, à différents degrés, à découvrir au fil des visionnages.

Ma-Reen
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le 10 mars 2023

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Ma-Reen

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