Un drame poétique
Je me suis lancée dans le visionnage de cette production sans rien savoir de son synopsis. Ma sœur m’avait parlé d’une perle poétique dont il ne faut rien attendre de particulier. Assurément, l’apogée du lyrisme se trouve dans la dernière scène du long-métrage. En effet, l’utilisation parcimonieuse des bandes sonores est pleine de sens : les deux seules scènes où la musique est présente sont la fête autour du feu et la séquence au théâtre – dernière image avant le clap de fin –.
Un rythme troublant
Le rythme de ce long-métrage français est VRAIMENT très lent, celui-ci est complètement différent ce ceux des productions anglo-saxonnes, auxquelles je suis mieux habituée. Dès le début, l’histoire d’amour entre les deux femmes est plus que prévisible, l’originalité de cette production ne se trouve donc pas là. La première surprise viendra du fait que
Marianne finisse le portrait très tôt dans le minutage du film.
On se demande donc : quelle histoire va alors nous être racontée ?
Grâce à l’amour, Marianne apprivoise sa modèle
On peut mettre en lien la difficulté que Marianne a eu à esquisser le visage de sa modèle et le fait que le premier peintre avait tout représenté, sauf son visage. Personne n'arrive à voir Héloïse comme elle est véritablement, jusqu’à ce que les deux femmes atteignent un certain degré d’intimité. Alors, Marianne est la première à la voir telle qu'elle est, c'est-à-dire malheureuse et homosexuelle.
Female gaze
Dans Portrait d’une jeune fille en feu, les scènes de sexe sont toujours suggérées. Le gros plan sur l’aisselle pénétrée d’une des deux protagonistes est, à mes yeux, un pied de nez féministe au male gaze omniprésent dans le cinéma.
Un interdit social et moral
Plusieurs séquences de ce drame évoquent l’interdit social qu’était l’homosexualité à l’époque. D’abord, le premier baiser
sous la falaise
agit comme une métaphore de leur amour caché. Cet interdit moral est encore souligné lorsqu'elles retirent le voile qui couvre leur bouche avant de s’embrasser.
En ce sens, la symbolique du vouvoiement entre les deux femmes est également très forte. Même si les protagonistes s'aiment, il y aura toujours une barrière sociale entre elles. Conserver cette distance (même après avoir couché ensemble), c'est accepter le fait que jamais elles ne pourront vivre leur amour au grand jour. Il n’y que lorsque la peintre dit à Héloïse « t'endors pas », lors de leur dernière nuit ensemble, qu'elles se tutoient. Avec ces mots, Marianne lui signifie peut-être qu'il ne faut pas qu’elle s'accroche à ce rêve d’amour, loin de la réalité.
Finalement, j'ai aimé ce film parce qu'il surprend le spectateur, on ne sait pas quelle histoire va nous être racontée. Je l'ai également aimé pour sa poésie et le regard féministe qu'il apporte sur l'homosexualité.