Pour ce qui est de la technique, le film est magnifique, à la manière de Barry Lyndon, la caméra est un pinceau figeant les visages, allongeant les courbes et répandant de la lumière. En effet, le traitement de la peinture, que ce soit dans l'image ou dans la réalisation autour de la conception du tableau, est tout à fait admirable, j'en aurais voulu plus.
Ma première se portera sur la trame du film, que j'ai trouvé peu ambitieuse. Dès la rencontre de Marianne et Heloïse, l'histoire devient évidente et convenue, elle vont se tourner autour, s'engueuler, s'aimer et devoir s'abandonner à cause du destin. Et même si on peut tirer de ce schéma convenu un cinéma intéressant, Sciamma n'a pas réussi à jouer avec ce matériau.
Mon deuxième point se portera sur le message politique, que je trouve comme la jeune fille pas assez "en feu". C'est agréable de voir un cinéma qui met des femmes au centre d'un film, qui veut parler de leur possible émancipation. Mais j'ai trouvé que Sciamma a échoué à se tenir à cela. Tout d'abord, l'oppression semble factice, l'ombre du mariage avec le Milanais n'est resté à mes yeux qu'un argument scénaristique pour créer un peu de tension. Car de la tension ce film en manque, par exemple la sororité parfaite entre la noble, la bourgeoise et la servante est juste plate. On est quelques années avant la Révolution et pendant tout le film, ces personnages vivent en parfaite union.
(Désolé pour le titre)