Ce métrage suinte la folie, il commence comme un banal drame domestique: un mari trompé, des scènes de ménages hystériques; puis arrive la rupture, Adjani est amoureuse d'une chose larvaire, lovecraftienne, tapi au fin fond de la banlieue crasse d'un Berlin en décrépitude, où tout ceux qui l'approche trouve la mort.
Le mot même composant le titre, "possession", est à prendre au propre comme au figuré. Il s'agit bien d'un cas de possession, oh pas comme dans "L'exorciste" ou consorts ou suite, pas d'une possession démoniaque, non. Il s'agit d'un possession plus insidieuse, plus absurde, la plus quotidienne, celle qui lie trop souvent les Hommes entres eux. Et les colères brusques qui agitent le couple Marc/Anna tout au long du film ne sont que l'expression du deuil douloureux que chacun de nous doit faire quand il se rend compte qu'on ne possède personne, que les ruptures sont abruptes quand on voit l'objet de notre amour nous échapper....
Et puis c'est un cas de possession au sens propre: Anna est littéralement subjuguée et révulsée par moments, la fameuse scène (célèbre) dans le couloir de métro ferait rougir William Friedkin lui-même. Sans compter que chaque personne qui rencontre la "chose dans l'appartement" est comme médusée, sa simple vision provoque la folie. Surtout quand Anna prononce ce laconique "il est très fatigué, il m'a fait l'amour toute la nuit..."
Les éléments fantastique sont distillées peu à peu tandis que l'intrigue policière s'étiole et le final est une sorte de serpent qui se mord la queue, elle en laissera plus d'un perplexe. A la fois le film nécessite plusieurs visionnages pour vraiment en saisir la complexité scénaristique allant de faux semblants en paradoxe temporel, mais d'un autre coté il est difficile de le revoir tellement il prend aux tripes et remue ce petit quelque chose d'indéfinissable en notre for intérieur.
Isabelle Adjani trouve ici un des ses rôles les plus explosifs, oscillant entre la cruauté froide, l'hystérie, la psychose mystique et la folie meurtrière. Sa scène de possession dans le couloir de métro restera dans les annales. Et Sam Neil n'est pas en reste, excellent dans le rôle du mari bafoué: dépression, colère et reconstruction.