L’affaire Flactif avait alimenté les pages "faits divers" des journaux en 2003 et 2004. Elle nourrit aussi le scénario de "Possessions". Les noms des protagonistes et les lieux ont été changés, mais l’intrigue s’avère fidèle aux événements. Maryline et Bruno Caron quittent le Nord pour une nouvelle vie à la montagne. A peine arrivés dans les Alpes, ils apprennent que le chalet dans lequel ils pensaient emménager n’est pas terminé.
Patrick Castang, le propriétaire et promoteur immobilier qui les accueille, leur propose de déballer leurs affaires dans un autre chalet, d’un standing bien supérieur. Mais la belle vie ne durera qu’un temps. « Tu ne convoiteras point », exhortait l’affiche du film, livrant au spectateur l’un des nœuds du drame. Car c’est l’envie et la jalousie, sur fond d’opposition de classes – les prolos contre les nouveaux riches – qui mèneront au bain de sang.
Chaque vexation, humiliation ou parole condescendante dont font l’objet (ou pensent être victimes) les Caron, attise une rancœur contenue. Jusqu’à l’explosion. Telle est la lecture qu’Eric Guirado fait de la mécanique de ce crime qui a marqué les mémoires. Le problème, c’est que le film est lui aussi un peu mécanique, se contentant d’enchaîner les scènes lourdes de sens jusqu’au déchaînement meurtrier, comme un simple lien de cause à effet, plutôt que de tenter de décrire la perte de sang froid et le vertige criminel.
D’où l’impression de voir davantage un docu-fiction, cherchant à rationnaliser au maximum les événements, qu’un thriller possédé par la fièvre. A noter cependant la bonne alchimie du duo Julie Depardieu-Jérémie Renier.