Du roman de Zola, Julien Duvivier a tiré une inattendue comédie de moeurs, laquelle, en certaines occasions, tient franchement du vaudeville. La société de petits bourgeois parisiens qu'intègre le provincial Octave Mouret est composée de gens médiocres dont, comme le suggère l'esprit caricatural du film, les seules préoccupations sont l'adultère, les prévisions d'héritage et la constitution de dots.
Dans ce monde cupide et cynique, Octave Mouret ne départ pas, à la différence que lui seul sait être amoral avec intelligence. D'un point de vue littéraire, il n'incarne pas ce provincial candide qu'on peut retrouver souvent dans les oeuvres romanesques du 19 ème siècle. C'est un homme qui a les moyens de son ambition ( on sent poindre son génie commercial développé dans "Au bonheur des dames", adapté naguère par André Cayatte), un homme à femmes bien plus qu'un simple séducteur, et s'il conserve notre sympathie, c'est parce que Mouret est le plus insolent, le plus malin.
C'est léger, spirituel, bien interprété, et la pléïade de jeunes et jolies actrices qui traversent le film ajoute un troublant supplément de sensualité en même temps qu'un parfum d'amoralité.