L'intrigue criminelle qu'aura à élucider l'inspecteur Lavardin compte moins, comme on pouvait s'y attendre, que le regard que Chabrol porte sur une bourgeoisie provinciale infecte et sur ses notables grotesques et perfides. D'ailleurs, le dénouement de l'énigme sera vite expédié, voire bâclé, tant l'intrigue est accessoire.
Prenant plaisir à bousculer le petit monde médiocre de la province (et Lavardin-Jean Poiret ne s'en prive pas), Chabrol ne se montre pas plus tendre avec les victimes -une vieille folle et son fils, facteur indiscret, que des notables du bourg tentent de faire expulser de chez eux- qu'avec la clique de bourgeois de la petite ville. Quand Lavardin y débarque, tardivement dans le film, le policier joue le rôle de redresseur de moeurs avec ses méthodes musclées et insolentes, son cynisme et son aversion pour ce microcosme délétère.
Cependant, le récit nous semble par moments un peu indolent ou terne, à l'image du facteur, figure centrale de l'intrigue, qu'interprète Lucas Belvaux. Et puis, cette peinture de moeurs chabrolienne n'est pas toujours très subtile ni approfondie; Chabrol se livre à une sorte de jeu de massacre malicieux qui donne le ton du film et fait son originalité mais qui est aussi une façon caricaturale pas toujours convaincante.