Ce film est le premier de la série consacrée à l’Inspecteur Lavardin, incarné par Jean Poiret, qui passe du grand écran à la télévision, à la fin de la décennie.
Dans une petite ville apparemment tranquille, un groupe de notaires, dont l’un d’eux est incarné par M. Michel Bouquet, menace une impotente (Mme Stéphane Audran), afin qu’elle vende sa maison, ce qu’elle refuse mordicus. Elle y vit avec son fils postier qui drague en douce sa collègue (Pauline Laffont). Dans ce contexte tendu, arrive l’Inspecteur Lavardin, apparemment connu pour ses méthodes peu orthodoxes. A le pratiquer, il s’avère fidèle à sa réputation, malmenant sévèrement les personnes qu’il interroge.
L’hypocrisie et les malversations de la bourgeoisie provinciale sont malmenées ici de manière tonique et par une verve gouailleuse. Personnellement, j’en redemande, et cela tombe bien, car l’aventure est prolongée dans d’autres opus.
Claude Chabrol, cinéaste réputé depuis un quart de siècle, se paie le luxe d’une série policière. Cette dernière lui permet de traiter, presque à la chaine, l’un de ses thèmes-fétiches, la méchanceté de la bourgeoisie calfeutrée derrière des apparences de respectabilité. Pour cela, il utilise ouvertement le deuxième degré, des sarcasmes relevant presque du burlesque et un comique de répétition tenant aux mauvaises manières de l’Inspecteur malmenant à satiété les protagonistes de ses enquêtes.
Jean Poiret plante un policier loin de la modernité et des modes, comme de l’ambiance compassée et calculatrice des personnes avec qui il doit traiter. Il l’incarne avec brio et donne presque envie de sourire à chacune de ses apparitions, par sa truculence.
Je prends un plaisir quasi-jouissif à revoir ces œuvres, les films s’avérant plus forts et finement menés que ceux de la série télévisée Les Dossiers de l’inspecteur Lavardin.