Le deuxième long-métrage de Rachid Hami, dédié à son frère, raconte une histoire très douloureuse pour le réalisateur, celle de l'acceptation d'une mort accidentelle et évitable et de la recherche des responsables de cette tragédie, au sein de l'académie militaire de Saint-Cyr. Ce titre de "Pour la France" se comprend aussi bien au premier degré, eu égard à la destinée du défunt, que de manière atrocement ironique, rejoignant ainsi une complexité et une ampleur certaines de par le récit d'un itinéraire familial qui débute en Algérie, dans les années 90. S'il revient sans cesse au deuil présent, le film plonge à de nombreuses reprises dans des flashbacks qui explicitent, entre autres, l'évolution de la relation entre deux frères aux trajectoires diamétralement opposées, entre le méritant et le raté (si l'on simplifie grossièrement). Fratrie et patrie sont les deux mamelles de Pour la France dont on apprécie les nuances pour parler de sujets très actuels, à commencer par ceux de l'intégration à une nouvelle culture ou du patriarcat. La forme est très classique, cela peut représenter une légère frustration, et les allers et retours entre les époques auraient pu être réduits ou davantage fluides mais l'on retient tout de même la dignité et la sensibilité à fleur de peau de l'ensemble et, surtout, la qualité de l'interprétation de Karim Leklou et de Shaïn Boumedine dont les scènes communes sont les plus touchantes, sans oublier la présence toujours marquante de la magnifique Lubna Azabal.