Pour nos frères.
Le réalisateur prend son récit par les coutures de la famille, les fils-Frères déchirés, la mère droite( Lubna Azabal toujours intense), le père déchu. « Pour la France » même s’il prend son motif d’un scandale : un homicide involontaire commis lors du bahutage des futurs officiers de St Cyr s’éloigne très rapidement de ce qui aurait pu être un film démonstratif ou le réquisitoire contre cette bavure.
Manifestement ce n’est pas ce rapport à l’Etat, ce type de pouvoir qui intéresse Rachid Hami mais bien plutôt les effets de la mort violente de ce fils sur sa fratrie. Pour la France se recompose au fil d’une narration intimiste et discrète en « Pour les fils, Pour nos frères ».
Que veut dire être le fils d’un père policier algérien ? Que veut dire d’être parti d’Alger? Quels modèles peut on avoir maintenant à trente ans dans une France qui a déjà du mal à être concernée par ses vieux . Alors ses jeunes! Que veut dire de ne pas se sentir en phase avec les idéaux normatifs d’une société grégaire érigeant en lustre du bonheur: le mariage et le travail?
Le ( mauvais?)frère incarné par Karim Leklou tout en rage ou incompréhension rentrées essaye de faire différemment, et personne, même ses proches ne semblent reconnaître de la valeur dans ses essais pour être un fils, un frère digne, un homme mais pas forcément celui que l’on attend. La mort de son frère( le bon ? Ou dû moins celui qui admire les symboles de la République et en a incorporé le surmoi patriote) va provoquer une remise en question et jeter le trouble chez lui. « Pour la France » traite de cette conversion intime, subtile, non grandiloquente, difficile à capter à l’image.
Rachid Hami le fait avec des partis pris de plans nocturnes, simples, pudiques.
On eût peut être espérer plus de rage, de baffe, d’exhibitions du scandale devant une mort injuste. En même temps le film touche par ce principe de sobriété, une transmission des traditions.