En 2012, lors d’un bizutage maquillé en « bahutage », terme fallacieux utilisé par les élèves de l’école militaire Saint-Cyr, le jeune soldat Jallal Hami trouve la mort en se noyant dans un lac en pleine nuit. Plus de dix ans après ce décès médiatisé et seulement trois ans après l’amère conclusion du procès, son frère Rachid décide de mettre en images cette tragédie aussi personnelle qu’elle fut publique. Mais en dépit de la promesse initiale d’un discours politique décortiquant la toxicité viriliste et réactionnaire intrinsèque à la prestigieuse académie, le racisme systémique et institutionnalisé à l’encontre des soldats issus de l’immigration, le tout s’articulant autour d’un drame familial a priori universel, le film se dérobe irrémédiablement à son sujet. Ni politique, ni social, ni dramatique, le long-métrage ne dépasse jamais la terne et ennuyeuse thérapie entreprise par le réalisateur et sa famille. Malgré quelques sursauts scénaristiques ramenant l’enquête judiciaire et le conflit avec les institutions à l’écran, l’intrigue ne s’écarte jamais de l’histoire familiale (une enfance difficile avec un père violent au début de la décennie noire algérienne) et de la relation fraternelle conflictuelle (l’élève modèle face au petit voyou), analepses redondantes et autocentrées écrasant toute la narration suivant le décès. Secouru par les performances de ses comédien.ne.s - notamment Karim Leklou en grand frère bourru et Lubna Azabal en mère solitaire indignée - le film de Rachid Hami évite de peu la déroute totale mais laisse un décevant goût d’inachevé.