En 2012, Jallal Hami, recrue à l'Ecole militaire St-Cyr, meurt dans le cadre d'un bizutage. Il faudra près de dix ans d'instruction pour arriver à un procès au bout du quel trois prévenus seront condamnés par de maigres peines avec sursis.
Contrairement à ce que l'on pouvait attendre, "Pour la France" revient sur cette affaire (en changeant les noms), mais occulte totalement le procès, et évoque à peine l'enquête. Ce qui intéresse Rachid Hami, c'est la structure de cette famille d'immigrés algériens, et surtout la relation entre les deux frères aînés.
Et pour cause, puisque Rachid Hami n'est autre que le grand frère de la victime ! Il retranscrit à l'écran certains aspects réels et dysfonctionnels de sa famille, mais en romance visiblement d'autres. Par exemple, dans la réalité Rachid Hami est un acteur/réalisateur avec plusieurs films à son actif. A l'écran, ce grand frère est un loser fini, qui passe son temps dans les embrouilles.
Un choix là encore assez surprenant, à mi-chemin entre la dramaturgie, et le gonflement de l'image du petit frère tombé lors du bizutage ?
Toujours est-il que "Pour la France" est un drame sensible et réussi. S'il ne se prive pas de quelques tacles aux institutions militaires, le portrait demeure nuancé. Dont celui du commandant de l'école, incarné par un Laurent Laffite très sobre.
Mais surtout, le film traite avec adresse de cette famille qui a fui à la fois l'Algérie, et un paternel violent qui a divisé sa famille. Relation avec la mère, relation tumultueuse entre les deux frères sur trois continents : tout est bien écrit, et réalisé et joué avec justesse. Shaïn Boumedine et Karim Leklou sont très bons sans leurs rôle respectif, surtout ce dernier que l'on verra changer dans les années précédant le décès de son frère.
Un joli film.