Pour le réconfort, un film qui parle de cette fracture sociale si spécifique à la France, car si tabou par chez nous : l'argent. La honte d'être pauvre, la honte d'être riche, la difficulté à se comprendre quand on vient de milieux sociaux différents.
Le début du film demande un peu de temps pour rentrer dedans. En effet, le premier monologue de Pauline est théâtrale ; la nana a juste l'air névrosée et on apprendra par la suite qu'elle l'est, tout simplement. L'entrée en la matière est un peu indigeste, on se sent pas bien assis dans notre fauteuil, c'est malaise.
Et en fait, c'est ça ; ce film est malaise. Et c'est tout le putain de propos. Il fallait qu'il le soit.
Parce que c'est malaise de beugler des idées toutes faites et que la vie est injuste, c'est malaise de ressentir du mépris face à des personnes n'ayant pas pu voyager au cours de la vie, c'est malaise d'avoir envie de se moquer des moins cultivés, c'est malaise de voir des familles mieux lotties s'excusant d'être nées avec une cuillère en argent dans le bec.
Macaigne a certainement dû laissé une place à l'improvisation pour rendre tout cela très réel car le résultat en devient presque documentaire. On note d'ailleurs que chacun des acteurs porte son vrai prénom et je ne serais pas étonnée de découvrir qu'ils appartiennent à la catégorie sociale qu'on leur a attribuée.
Ce film nous rappelle nos cours de SES en classe de seconde : "Les cadres deviennent fils de cadre, les ouvriers deviennent fils d'ouvriers." Car même si les codes se cassent de plus en plus, le fossé qu'il y a entre les deux mondes est encore très dur à traverser.
Pour le réconfort est un ovni car il est brut et il fait mal par là où il passe, comme un bout de nerf dans un morceau de viande que l'on croyait tendre. Les dialogues sont hard et ça crie, ça se plaint, ça gémit. C'est lourd et c'est bien fait pour notre gueule.
Les pauvres en ont certainement pleuré, les riches ont certainement ri. Comme quoi, même quand on essaie de faire un film sur cette fracture sociale omniprésente, les ressentis des uns et des autres en disent long.
Merci Monsieur Macaigne, on espère que ce sujet sera abordé à nouveau et fera, peut-être, chialer ou faire marrer toute une salle pour les mêmes raisons.