Réaliser un film anticonformiste ultra conformiste c'est bêta ! C'est comme si un peu de l'univers petit bourgeois de Rohmer des années 80 venait à croiser celui plus précaire des frères Dardenne. Tout cela en plein coeur d'une campagne luxuriante avec des dialogues de lourds (tous les acteurs sont irritants), ça se frictionne du bout des mots et sans jamais croiser le regard.
Résumer "Pour le réconfort" à cela serait un peu sectaire. On sent à travers quelques plans originaux (le skype du début, les jeux d'ombres, les formats de l'écran...) qu'il y a eu une vraie recherche de la part du réalisateur. Qu'il voulait en faire un film personnel, aux reflets de sa personnalité décalée. On peut donc reconnaître un intérêt au contenant.
C'est devient nettement moins probant au niveau u contenu. Pas sur que Macaigne connaisse bien le milieu agricole et moins encore sa colère. La révolte qu'il nous montre aujourd'hui et à travers elle, celle de la classe "laborieuse" comme on le disait jadis, est totalement surannée. Ce raz le bol ne s'habille plus de revendications à la mai 68. Il ne se contente plus de cracher sur une croix, ou de vitupérer contre les riches ("aristocrates" comme il est dit dans le film, terme sémantiquement abandonné depuis la fin du 19ème siècle !). S'il voulait montrer la vraie souffrance, c'est dans les larmes et la sang qu'il faut la trouver aujourd'hui ou dans la résignation. Le personnage emblématique de Pascal, avec le verbe haut à la Martinez est peu crédible aussi bien dans ses revendications que sa roublardise ! Quant aux deux péquenauds, fille et fils du propriétaire terrien, ils semblent avoir passé plus d'années sous acide que véritablement avoir découvert "le monde" !
Ce maque de crédibilité associé à des acteurs (est-ce le terme ?) flottants agace. Exceptée Joséphine de Meaux (hélas très mal cadrée, presque toujours hors champs) le ratage est complet, la palme revenant à Laure Calamy, abonnée des 4èmes rôles, qui nous ressort son numéro d'indignée. Risible !
Bref, "Pour le réconfort" qui porte si mal son titre (car qui des protagonistes ou du spectateur reçoivent un quelconque espoir ?) n'est pas inintéressant... pas transcendant non plus...
Une première tentative de film pour Vincent Macaigne qui si elle ne tombe pas dans le lisier aurait toutefois besoin d'un bon engrais naturel... Meuh oui !