A la manière de Votez McKay, sorti treize ans plus tôt, Power s'interroge sur les coulisses d'une élection via le personnage que joue Richard Gere, un conseiller omnipotent, qui doit gérer un candidat pour le poste de procureur, sans qu'il ne voie tous les coups bas qu'il va recevoir, en particulier du camp adverse dont le conseiller est Gene Hackman.
Outre le fait que ça ressemble à une version actualisée du film de Michael Ritchie, Power est une plongée intéressante vers un monde qu'on connaissait peu à l'époque, mais qui est sans doute amoindri actuellement par les coulisses qui sont sans cesse filmées, ou par les réseaux sociaux. Il ne faut pas être allergique non plus au visuel très 80's dans le mauvais sens du terme, avec des permanentes à tous les coins de rues, des brushings, de la moustache (dont celle de Richard Gere, censé le faire vieillir), et de la moquette sur les murs. Mais on voit bien comment la préparation d'un candidat face aux médias, sujet déjà évoqué dans Network du même Lumet, se fait, avec le travail sur le montage lors d'une publicité, le placement des caméras pour le mettre à son avantage lors d'un débat télévisé, ou la préparation d'éventuelles questions pièges.
C'est porté en plus par de très bons acteurs, bien que Richard Gere prenne beaucoup de place, Kate Capshaw, Julie Christie, et un Gene Hackaman en conseiller concurrent qu'on ne voit que trop peu, tout comme Denzel Washington qui s'imposait comme un redoutable voleur de scènes. Ce sont vraiment les personnages qui donnent l'intérêt de Power, et non pas cette espèce de sous-thriller qui va venir à un moment donné parce que Richard Gere s'aperçoit que son téléphone à l’hôtel est sous écoute.
Ce n'est pas un film de Sidney Lumet que l'on retient, surtout juste après avoir tourné ce chef d'oeuvre absolu qu'est Garbo talks, mais il montre tout de même, à une époque où on connaissait à peine les coulisses, comment des rouages s'imbriquent pour faire voter un procureur.