S'il y a bien un réalisateur passé maître dans l'art du film d'action (pré-21ème siècle), il s'agit sans conteste de John McTiernan, papa de la franchise Die Hard notamment.
Mais c'est en 1987 que tout commence, avec une première pierre à l'édifice marquante en tous points : Predator ; en effet, outre un statut indéniable de film culte, celui-ci devait être une sacrée surprise à sa sortie, comme tant d'éléments tendent à le prouver encore aujourd'hui.
Pourtant, tout laisse d'abord à penser que l'on tient là un film d'action classique au possible, quoique sympathique, mais gourmand en clichés : le ton est donné d'emblée avec l'introduction musclée de Dutch Shaefer, et la suite ne nous donne pas tort, son équipe de gros bras se livrant à une véritable promenade de santé (à grand coup de fusillades sans dommages, explosions et éliminations d'un bon paquet de guérilleros, le tout à 7 seulement).
Jusqu'ici rien de bien innovant donc, et Predator n'était porté que par le charisme bodybuildé de ses personnages et leurs répliques on ne peut plus fameuses ; mais passé cette phase introductive pareille à un leurre, voilà que le film entre dans le vif du sujet avec l'entrée en scène de son sujet-même : le Predator.
Et à l'instant où celui-ci lance la chasse, où les invincibles soldats surarmés et surentraînés se retrouvent dépassés, le génie de McTiernan se fait évident au gré de ce contraste saisissant ; le rythme ne manque d'ailleurs pas de s'emballer, à mesure que les hommes de Dutch trépassent un à un, le tout sous couvert d'une BO diablement entraînante et d'une mise en scène aussi efficace que viscérale.
Au film d'action succède donc un survival certes toujours musclé, mais à forte connotation fantastique, le mystère du Predator s'amenuisant lentement mais sûrement, et qui entretient par la même occasion une intrigue basique mais captivante.
Autres bons points, à savoir de bonnes interprétations donnant vie à des personnages secondaires globalement réussis, et surtout savamment utilisés, tandis que Arnold Schwarzenegger trouve là un rôle à sa pleine mesure ; par ailleurs, la force du long-métrage réside aussi en son dénouement, où ce dernier et le Predator vont se livrer à un cultissime affrontement.
De plus, voir l'invincible Schwarzie/Dutch, alors au sommet de sa forme, se faire malmener de la sorte (la peur habite momentanément son regard, pour un résultat des plus saisissants) par un antagoniste lui étant largement supérieur, cela vaut foutrement le détour ; et, naturellement, on ne peut que féliciter Stan Winston pour le design on ne peut plus inoubliable du Predator, dont le faciès peu commun, l'équipement de pointe et son statut de prédateur ultime lui auront assuré une place de choix au panthéon des meilleures créatures extra-terrestres.
Ceci étant dit, il reste à souligner la présence d'effets visuels réussis bien qu'ayant considérablement vieillis ; de même, on pourrait formuler quelques regrets concernant l'incohérence de détails visuels, faux-raccords etc., ou encore l'utilité nuancée du personnage d'Anna, le caractère convenue des seconds rôles et enfin le face à face Billy / Predator.
En résumé Predator est culte à ne pas en douter, fort de trouvailles visuelles et d'une mise en scène excellentes pour l'époque... John McTiernan signait donc là un divertissement d'action surprenant au sein de son registre, et qui à bientôt 30 ans passés demeure toujours inégalé.