Predator n'est pas un film d'action

Je commence sérieusement à en avoir raz le bol d'entendre, à longueur de journée, les propos pédants et prétentieux d'une bande d'intellos médisants qui, dans leur toute sainteté de gens cultivés, osent prétendre que le cinéma d'action des années 80 n'était rien de plus qu'une suite d'oeuvres bourrines et inintéressantes, loin de la finesse de ce qu'ils osent qualifier de grand cinéma, loin de leurs films préférés : d'un côté, le dernier métrage déprimant Tchécoslovaque, de l'autre, un documentaire sur les pandas de l'Himalaya. Et j'en ai rien à battre si y'a pas de pandas en Himalaya.


Bien entendu, les mecs n'y connaissent rien; mettre "Predator" dans le même sac qu'un "Rambo II : la Mission", v'la la connerie de l'ignorant. Car "Predator" n'est pas un film d'action; c'est un chef-d'oeuvre, certes, mais on est loin du film bourrin et stupide que certains voudraient nous faire penser qu'il est. Contre toutes apparences, Schwarzy n'a pas joué que dans des oeuvres d'ouvriers intéressés par l'action pétaradante.


"Predator" est sûrement le meilleur exemple en la matière; à la limite du cas d'école, le film prouve, une fois de plus, que derrière les apparences, l'on peut dissimuler nombre d'éléments inattendus. Premièrement, en analysant l'oeuvre, autant directement lui reconnaître un savant mélange des genres; on commence par de l'action, pour finalement plonger, tête la première, dans une science-fiction pure et dure, marquante, inoubliable.


Non pas que ce soit extrêmement violent; la suggestion vous épargnera nombre d'instants insoutenables, à l'image du premier meurtre sanguinolent, non pas sans nous rappeler les grands moments du slasher. Quoi que l'on en pense, "Predator" est donc une oeuvre forte, particulière et, bien entendu, à la croisée des genres.


Divine sang-mélé, magnifique bâtarde, il ne serait point aisé de pleinement parvenir à la qualifier, tant l'emprunt se fera dans tous les genres, dans tous les styles pour, à l'issue, nous fournir un résultat sinon marquant, d'autant plus incroyable que l'on n'aura jamais vu cela par le passé, et que l'on n'aura jamais trouvé son équivalent par la suite, même 30 piges plus tard. La vision de McTiernan est elle-même toute particulière; non seulement le film dénonce, mais il dénonce bien.


Loin des clichés de ces genres qu'il mêle à la pèle, notre bon vieux Johnny livre une critique acerbe de la nature même de l'homme, en lui rendant, d'une certaine manière, le plus beau des hommages : le faire gagner face à quelque chose qui lui est largement supérieur, face à une bête qui, dès lors qu'elle s'était logée sur terre, avait renvoyé l'homme au bas de la chaîne alimentaire, le détrônant de sa place de surprédateur, de prédateur absolu.


Ce renversement des rôles, faisant écho à celui des genres, est tout bonnement parfaitement pensé, et diablement bien oeuvré; non seulement c'est crédible, mais c'est d'autant plus intelligent que le propos, sans faille, laisse sans voix, tant son développement sera, sinon bien développé, d'autant plus satisfaisant qu'il est, de ce fait, novateur, car jamais, à ma connaissance, n'a-t-il été évoqué dans le cinéma de genre.


Dès lors que McTiernan dévoilera son basculement vers la science-fiction horrifique, l'oeuvre prendra une toute autre aura; à mesure que les mercenaires, des putains de mecs tellement tellement qu'on les prendrait pour des Superman en puissance, disparaîtront sous les assauts sournois du Hish, la nature humaine, liée à l'instinct de survie, à l'instinct animal, prendra le dessus sur la peur, jusqu'à finalement basculer dans une conclusion purement bestiale et sauvage, d'une originalité sans nom, et d'une violence sans équivoque.


Porté par un Schwarzy comme habité par son rôle de super prédateur, cet ultime combat saisira le spectateur, s'il est normalement constitué, ou s'il ne craint point de voir des films vieux d'environ trente ans, soit de goûter au cinéma, au vrai, loin des artifices, et autres florilèges, que l'on connaît aujourd'hui. Meilleur que jamais, l'autrichien, avec son accent de char tigre, perd petit à petit son rôle de prédateur ( tout comme le reste de son équipe, en fait ) pour finalement le reprendre, et se surpasser dans un élan de courage, doublé de folie pure.


En soit, la morale est magnifique : l'homme, aussi bas qu'il a pu tomber, se relèvera toujours de ce mauvais pas, plus fort, plus puissant, presque invincible. Là est un constat tenu fièrement par Schwarzy qui, du haut de son torse de Goliath, nous livre l'un des meilleurs films de sa carrière, une oeuvre au suspens intense, au propos parfaitement abouti.


Je ne saurai lui trouver des défauts; retenez juste que depuis mon enfance, je l'aime de plus en plus, tant l'oeuvre gagne en saveur lorsque moi, je gagne en matûrité. Trouvez lui des défauts, cherchez les bien, et si vous ne parvenez point à en dénicher, revenez lire mon article, revisionnez le film, et aimez le de plus bel ...

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le 18 févr. 2016

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FloBerne

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