La Mère Célibataire

Quatre ans après le très sympathique Daybreakers, les frères Spierig retrouvent Ethan Hawke pour un nouveau film de science-fiction cette fois-ci très loin des allures de blockbuster de leur précédent film vampirique. Adaptant à la lettre la nouvelle "La Mère Célibataire" de Robert A. Heinlein (ou "Vous les zombies" selon les traductions), les deux metteurs en scène australiens changent de registre et s'attaquent au voyages temporels pour un long-métrage sans esbroufe mais au scénario incroyablement mindfuck !

Côtoyant le déjà impressionnant Looper et ses théories de boucles temporelles hallucinantes, Predestination s'avère plus avare en action et en money-shots mais se penche avec brio sur une histoire intelligente où un énigmatique barman écoute le récit d'un homme dépressif. Ce dernier est né femme et, avec un parcours aussi désolant qu'extraordinaire, va devenir un mâle perdu entre ses rêves de gosse, son but dans la vie et son identité. Avançant doucement vers une optique science-fictionnelle, le long-métrage surprend par son parti pris calme qui déroute peu à peu vers une accélération scénaristique haletante.

Sans dévoiler l'intégralité de l'histoire, Predestination est une rareté de maîtrise et d'efficacité, prouvant qu'on peut encore aujourd'hui faire des films de science-fiction sans forcément en mettre plein la vue. Mené par le toujours aussi excellent Ethan Hawke et la brillante inconnue Sarah Snook (Sleeping Beauty, These Final Hours...), le film n'a rien d'un vulgaire téléfilm fauché et bénéficie même de quelques scènes d'action réussies, bien qu'elles ne soient pas au centre du métrage. Au final, amateurs de scénarios complexes, foncez voir cette petite perle qui aurait pu bénéficier d'une sortie française en salles.