Le lexique du temps
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le 10 déc. 2016
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Bon alors, par où commencer ?
Tout d'abord, il y a deux petites choses qui me gênent ici.
La première, c'est que les Etats-Unis sont présentés comme ayant besoin d'avoir plus bourrins qu'eux (à savoir la Chine et la Russie !) pour devenir bourrins à leur tour. Non, les États-Unis savent très bien être bourrins par eux-mêmes, pas besoin de petits camarades pour les entraîner à l'être. Je pense que l'histoire ne l'a que trop souvent prouvé.
La seconde, c'est que déjà Forest Whitaker n'a pas grand-chose à défendre finalement alors que son personnage est supposé être important et que son temps de présence est loin d'être négligeable. Mais là, ça passe encore. Bon, c'est le chef militaire qui essaye de faire au mieux et puis c'est tout. Cela aurait été intéressant de le creuser, car il y avait de la place pour lui donner une véritable consistance au lieu d'en rester au personnage-gadget, juste là pour remplir une fonction. Mais ça passe faute de mieux. Par contre, c'est plus embêtant dans le cas du scientifique incarné par Jeremy Renner qui tombe exactement dans le même truc et en pire. Je m'explique. Je ne parle pas pour la partie sentimentale, car on est bien au-delà du cartésien. On est plus dans une forme de pénétration spirituelle que dans une construction scénaristique basée sur des choses concrètes. Je parle pour la partie professionnelle. C'est un scientifique qui, dans la mission, est donc censé apporter une aide scientifique. Il est censé être essentiel, vital pour la partie "rencontre du troisième type". Ce qui signifie qu'il est censé étroitement collaborer dans son domaine avec le personnage principal, spécialiste des langues, incarné par Amy Adams. Or, on ne voit jamais cela ou trop peu. La protagoniste prend 99,9 % des décisions et des initiatives et c'est à elle que l'on doit 99,9 % du résultat. L'autre se contente de suivre le mouvement et rien d'autre.
Passé ces deux reproches (que la longueur de mon écriture ne vous fasse pas croire que je n'ai pas aimé le tout, car ce n'est pas le cas !), c'est du bon.
Depuis Un 32 août sur Terre, Denis Villeneuve prouve qu'il est un sacré faiseur d'images. Avec la science-fiction, genre qui s'y prête trop facilement, j'aurais pu craindre qu'il se laisse aller à un vomi de CGI piquant les yeux (d'autant plus que c'est la première fois qu'il fait face à une histoire exigeant des effets spéciaux !). Pas du tout, le visuel est élégant, faisant la part belle aux teintes sombres, ayant pour conséquence de mieux ressortir l'éclat des grosses sources de lumière. Ce qui tend à devenir un aspect important et reconnaissable du cinéma du Monsieur. Les effets spéciaux restent sobres, réduits au minimum. Juste ce qu'il faut, rien de plus. La meilleure des méthodes.
Et le message, la découverte ! L'émergence d'un langage qui transcende complètement la simple fonction prêtée par nous, êtres humains, à savoir communiquer par la parole pour s'échanger des informations, pour aller vers tout autre chose, un tout autre chose d'une richesse inestimable (non, je ne spoilerai pas !) ; avec cette question, est-ce qu'en le sachant, je le (re)ferai ? C'est une belle interrogation sur la condition humaine.
C'est dommage pour le côté géopolitique à deux balles (je ne vais pas dire "pro-américain", car le pays est montré comme étant con, mais c'est juste qu'il est montré comme étant moins con que les autres et pour moi, ce n'est pas crédible !) et le fait que l'intrigue oublie qu'il ne faut pas apporter de la consistance qu'à un seul personnage parce que le reste est remarquable. Sans cela, on aurait pu avoir une véritable perle du genre.
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le 14 sept. 2021
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