Dans ma grande aventure de la découverte du cinéaste Denis Villeneuve que je poursuis depuis quelque temps, me voici arrivé à "premier contact", film semblant faire consensus chez mes estimés éclaireurs. C'était un tuyau sûr et certain, du cousu main.

En préambule, je reviens rapidement sur les films Dune 1 et 2 de Villeneuve pour dire que j'ai particulièrement apprécié ces deux films pour leur mise en scène mais surtout parce que je prenais plaisir à y retrouver le roman de Franck Herbert. Et je comprenais ceux qui n'avaient pas aimé s'ils n'avaient pas lu et apprécié le roman (ce n'est pas suffisant de lire).

Et là, "Premier contact", c'est le crash. Enfin, pas tout-à-fait puisque je suis encore capable d'écrire.

"Premier contact" est tiré d'un livre "l'histoire de ta vie" de Ted Chiang que je ne connais pas du tout. Devrais-je me procurer le bouquin pour me retrouver dans la situation de Dune et brusquement tout comprendre ?

Revenons au film.

La mise en scène de Denis Villeneuve de l'arrivée des extra-terrestres est, bien sûr, magnifique dans leurs vaisseaux en forme de demi-ballon de rugby. Cette arrivée finit par s'imposer à tous, dans le monde entier avec des détails à la fois insignifiants et signifiants pour décrire le malaise des gens dans le monde entier, leurs peurs devant l'inconnu. Comme toujours, on commence par un sentiment de curiosité avant d'en arriver à la méfiance et à l'hostilité.

Ce n'est pas tout-à-fait anodin de voir que ce sont les chinois qui vont avoir tendance à jouer les va-t'en guerre, suivis de près par les russes et puis je ne sais plus quel pays africain. Heureusement, il y a les USA qui ont (évidemment) la stratégie la plus intelligente et raisonnable d'une méfiance calculée tout en saisissant l'opportunité d'en savoir un peu plus. C'est à ça d'ailleurs qu'on reconnait les grands pays civilisateurs d'avoir la main ferme dans un gant de velours. De savoir toujours faire la part des choses. Comme dans "Independance Day".

Là, un colonel du Pentagone vient convaincre une linguiste chevronnée Louise et un savant mathématicien Ian de tenter d'établir un contact avec ces extra-terrestres afin de connaitre leurs intentions. Et la première heure du film est effectivement tout-à-fait passionnante où Louise finit par comprendre qu'on n'arrivera à rien par la voie orale et qu'il faut passer par l'écrit. Il y a le passage que je trouve fameux où la miss se désape devant les créatures pour éliminer au moins une barrière entre eux. Passons sur ma crainte fugitive de la voir se désaper complètement pour se retrouver dans le même état que les extra-terrestres qui, eux, paraissent bien plus nature que les humains puisqu'ils semblent nus. Passons aussi sur une réflexion in-petto que le principe de précaution, très cher à mes compatriotes, vole complètement en éclat dans ce film en acceptant un contact physique en zone dangereuse. Le "premier contact" est donc établi et on comprend que l'expression des heptapodes se fait à travers des glyphes (attention, je me suis rencardé ^^) inscrits dans des cercles dont on comprend qu'il suffit de rajouter des petits signes pour complexifier la phrase à loisir. Bon, mon esprit mal tourné me fait apparaître que c'est quand même plus pratique l'écriture linéaire qu'elle soit de gauche à droite ou de droite à gauche. Tandis qu'un cercle est un espace borné. Je veux dire par là que si on veut rajouter des choses sur le cercle, soit il faut l'agrandir, soit il faut que les dessins rajoutés soient de plus en plus petits, soit rajouter des cercles qui restent disjoints ne facilitant pas la compréhension.

Mais le point qui me parait important même s'il n'est pas assez développé, c'est l'idée que le langage étant de nature à façonner l'esprit humain, il peut avoir comme corollaire de favoriser la division entre peuples de langages différents. Dans un grand tour de passe-passe entre la communication directe entre Louise et le chef d'état chinois et le calcul de Ian, l'apport des extraterrestres aux humains est d'offrir une information pacifique et partagée entre chacun des douze pays visités, les obligeant à coopérer ensemble sans esprit de compétition ou de concurrence (pour un avenir certainement meilleur). Ceci permet de désamorcer tous les conflits et le départ des extra-terrestres, leur mission étant accomplie

Là où je suis clairement dépassé c'est quand on passe des glyphes circulaires à une notion de modification de l'espace-temps où présent et futur, ou bien se confondent ou bien sont parfaitement connus. Je pense que cela a un rapport à la distorsion du temps et de l'espace chers à Einstein. Là encore, je vais jouer les rabat-joie pour rappeler que ce n'est possible que sur un objet lancé à une vitesse proche de la vitesse de la lumière relativement à un système immobile.

Et ceci permet d'aborder la dernière partie du film que j'ai trouvée tellement artificielle qu'elle gâte, de mon point de vue, l'ensemble du film. En effet, on revient sur la scène initiale du film dont j'avais compris qu'il s'agissait d'un contexte et qui va devenir une conclusion très mélodramatique voire même larmoyante.

Un mot sur le casting où Amy Adams interprète avec un certain brio le rôle de la linguiste et où le colonel qui encadre les scientifiques est joué par un (toujours) sympathique Forest Whitaker qui s'essaie ici à un rôle de gros dur. Bah, je le préférais dans le rôle de Bird ou de Good Morning Vietnam.

Au final, "Premier contact" est quand même une grosse déception où il y a des choses indéniablement intéressantes sur les notions de langage et de communication mais beaucoup trop de tours de passe-passe ou de grosses ficelles pour en arriver à une fausse romance sur une thématique prédestinée dont je n'ai pas vraiment compris l'utilité.

JeanG55
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le 16 avr. 2024

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