Ayant (involontairement) vu environ 156 fois la bande-annonce avant de découvrir le film, je craignais que celle-ci suffise à résumer celui-ci dans son ensemble, ce qui est (légèrement) le cas. Fidèle à ses habitudes, Thomas Lilti, l'ancien médecin devenu réalisateur « exclusivement » pour y aborder un sujet qu'il connaît par cœur, fait preuve de cohérence, d'intelligence, se reposant bien plus sur son propos que sur sa mise en scène, convenable à défaut d'avoir des idées. Me concernant, c'est un milieu que je ne connais absolument pas, le jargon médical ingurgité du début à la fin m'ayant paru aussi limpide que le langage mandarin au XIVème siècle.
De plus, l'aspect surréaliste et ô combien élitiste de ce concours « interne » aurait mérité d'être mieux mis en avant, restant trop souvent au second plan. Je n'ai pas été non plus convaincu par
le « burnout » total d'Antoine :
si celui-ci est logique, le comportement de ce dernier m'a paru l'être nettement moins. Cela écrit, ne boudons pas non plus notre (relatif) plaisir. Lilti connaît manifestement son sujet (le contraire eut été étonnant!!), sait s'y prendre pour rendre ses deux héros sympathiques et proches de nous, cette plongée dans les années facs rappelant de plaisants souvenirs à ceux qui les ont bien connus. Il trouve un joli équilibre entre drame et comédie, sait quel registre choisir au bon moment, s'intéressant aussi bien à ses personnages qu'à l'histoire qu'il raconte.
Pas de misérabilisme, juste un constat lucide sur un système inadapté perdurant depuis des décennies, pouvant pousser jusqu'à l'épuisement (physique et psychologique) nombre d'étudiants qui mériteraient pleinement leur réussite au concours, l'interprétation très « force tranquille » de Vincent Lacoste et surtout William Lebghil apparaissant tout à fait adapté au propos, même si l'on devine assez aisément
lequel l'aura et ne l'aura pas,
malgré un « twist » très moyennement crédible dans les dernières minutes. Ce n'est pas avec « Première année » que le cinéma français va guérir de tous ses maux, loin de là, mais au vu de la production hexagonale annuelle, celui-ci apparaît tout à fait fréquentable : après tout, c'est déjà pas mal.