Dans le paysage de la comédie française, il y a des acteurs grâce auxquels on peut se repérer, comme des panneaux de signalisation qui assurent une route tranquille ou préviennent du danger. A l'affiche d'un film à la typo souvent jaune, les noms, par exemple, de Kad Mérad, Franck Dubosc ou Kev Adams mettent en garde contre une catastrophe souvent assurée qu'il convient alors de contourner. A l'inverse, ceux de Jonathan Cohen, Camille Chamoux, Jérémie Elkaïm ou Camille Cottin, dont la filmographie est jusque là peu accidentée, promettent une balade généralement très agréable. Alors lorsqu'ils sont tous réunis, les feux passent au vert et l'on peut s'engager en toute confiance.
Certes, ce premier film n'est pas sans défauts. Registre de la comédie oblige, les personnages et les situations, mêmes s'ils collent au plus près d'une réalité que le couple de scénaristes a été piocher sur le terrain (de leurs propres expériences et de la géographie des lieux de tournages), forcent le trait et n'évitent pas l'écueil de la caricature un peu maladroite.
Mais la volonté naturaliste du projet, notamment dans son écriture, la fraîcheur de l'interprétation d'un duo crédible et attachant, la galerie de personnages secondaires sympas et surtout l'approche de la comédie romantique par son angle le moins spectaculaire, le plus proche du quotidien (des gestes et des sentiments), cette espèce de "francisation" délicate d'un genre habituellement huilé à la grosse sauce américaine qui tâche ; tout ceci forme un cocktail de bord de mer qui se sirote très agréablement.
Cette première rom com de l'année, décalée comme il faut, assez juste et souvent drôle, ouvre joliment la grande valse cinématographique des sentiments de 2019.