Deuxième volet de sa trilogie de l'Apocalypse, entamée avec the Thing et se concluant par L'antre de la Folie, (John Carpenter's) Prince des ténèbres est de loin l'opus le plus faible.
Et pourtant, le film n'est pas dénué de qualités, il est emplit d'une ambiance malsaine et pesante malgré une flagrante économie de moyens . On craint l'apocalypse à venir alors que la diégèse se résume à une vieille église entourée par 20 clochards. Même constat d'austérité concernant les effets spéciaux : un liquide vers-fluo anti-gravité, des cafards, du maquillage de corps en putréfactions (franchement flippant), un miroir scintillant, une main en plastique, et c'est tout.
Pour se sentir au bord des enfers, c'est peu, mais par sa mise en scène, Carpenter sait insuffler de l'ampleur à un espace confiné. Grâce à son sens du cadre, son utilisation du hors-champs et ses compositions musicales, minimalistes mais entêtantes, un banal couloir peut devenir l'antre du mal, et ça c'est très fort.
Le problème ne vient pas des dix premières minutes, exposition limpide présentant les personnages principaux avec une efficacité exemplaire, tout ça parallèlement au générique d'ouverture.
Il ne vient pas non plus des dix dernières, qui enchainent climax réussi, rebondissement vertigineux, et plan final inattaquable.
Il vient de ce qu'il y a entre les deux, où l'on assiste à un film de couloirs qui accompagne des étudiants insignifiants, caricaturaux, et par dessus tout mal interprétés, le personnage principal et l'homme de couleur en tête.
Le bodycount augmente, le nombre de survivants décroit, les massacres s'enchainent avec plus (un amas d'insectes imitant une silhouette humaine,une fille stoïque tapotant de manière effrénée son clavier) ou moins (une nuque qui se brise, un égorgement par un morceau de verre dont les simulations sont trop visible pour en être effrayé) de réussite. La mécanique s’épuise, et le film suit avec ronronnement ses péripéties jusqu'à ce que le climax relève la sauce. Et ce ne sont pas les quelques dialogues théolo-scientifiques ou encore les réactions parfois étonnantes des personnages, dont celle à l'origine du titre de cette critique, qui sauveront le coeur du film de l'enlisement dans lequel il s'est englué.