Plongée dans un Japon de légende
Pour fêter ma 300° critique, quoi de mieux que de parler de l’œuvre trônant en tête de mon top 10, classée en tête de liste des meilleurs films d’animation, parfois considéré (c’est mon cas) comme le meilleur de son réalisateur, j’ai nommé « princesse Mononoké » !
Contaminé par un étrange mal venu de loin, le jeune Ashitaka est contraint de quitter son paisible village natal pour entreprendre un périlleux voyage dans des terres où sévit la guerre et l’avidité, où la technologie avancée conduit les hommes à dégrader la nature. Le mal qui le gagne, c’est justement cette nature bafouée, ces esprits qui l’habitent, qui souffrent et réclament réparation. Mais en se dirigeant vers ces hommes qui provoquent tous ces malheurs, Ashitaka a la surprise de découvrir à leur tête une femme honorable, Dame Eboshi, qui s’occupe de malades et prend soin de son peuple, le protégeant contre l’ambition d’un seigneur voisin. Dans la forêt, il fait une rencontre inoubliable avec San, jeune humaine sauvage recueillie par des loups étant bébé. Vivant dans la haine de la race humaine dont elle nie toute appartenance, elle se bat pour la forêt afin de faire cesser les ravages. En voulant attraper la tête du Dieu cerf, les actes de Dame Eboshi se répercutent contre son propre peuple, comme en faite ce qui se passe malheureusement de nos jours. La nature réagit, touchant sans distinction les responsables de ses actes que les populations innocentes. Une façon de rappeler que nous sommes un même peuple tous concerné.
Ashitaka devra dépasser ses propres préjugés, aidé de San, qui de son côté devra se défaire de la haine qui l’habite, pour essayer de trouver un moyen pour les hommes de vivre en harmonie avec la nature.
C’est là une des grandes forces de ce véritable chef d’œuvre de Miyazaki, partisan d’une écologie proche de l’homme : éviter l’écueil du manichéisme et de la simplicité trop souvent reprochés aux discours écologiques. Les hommes responsables des dégâts sur la nature ne sont pas foncièrement mauvais, ils sont inconscients des dégâts qu’ils causent, le plus souvent pour améliorer leur propre condition. Et quelque soit la cause défendue, la haine et la violence n’est pas la solution.
« Princesse Mononoké », c’est aussi une plongée dans un japon mythologique et féérique, remplis d’esprits divers qui habitent chaque plante et chaque animal, de forêts enchantées abritant tout une population de créatures fantastiques, comme ces petites créatures luminescentes qui apparaissent et disparaissent à volonté. Affirmer que l’animation est magnifique serait un doux euphémisme, tant cette dernière surpasse tout ce qui est connu pour proposer un spectacle poétique d’une beauté rare, amplifiée par la superbe bande son de Joe Hisaishi, partie intégrante de l’œuvre qui l’élève encore à des niveaux de merveilleux jamais atteint. Et surtout, l’animation sert comme on l’a vu, un propos mature et intelligent, où la beauté et la sauvagerie de la nature côtoie la violence et la bonté des hommes.
Si je n’ai rien contre le charme naïf d’un Totoro ou d’un Ponyo, je préfère ce genre de films qui, comme « le voyage de Chihiro », sont de véritables voyages dans le fantastique, avec une histoire intelligente.