Kim Ki-duk est le seul réalisateur asiatique avec Yasujiro Ozu à pouvoir être lent et contemplatif sans m'ennuyer, au contraire... J'avais été totalement sous le charme de "Locataires" et j'aurais été aussi totalement sous le charme si les séquences avec les animaux ne m'avaient pas dérangé (même si la punition du vieux bonze au sale gamin est parfaitement appropriée !!!).
Reste que, et même si on ne saisit pas toutes les références bouddhistes, on se laisse emporter par ce film à la gloire de la nature et des rapports humains qui a l'intelligence de ne pas en faire trop dans le registre bouddho-bouddhiste en faisant intervenir quelques fois, de manière fracassante, le monde réel, à l'instar des deux policiers un peu lourdauds mais respectueux qui se plaignent de ne pas avoir de réseau ou du retour du gosse devenu adulte dans un accoutrement qui détonne fortement avec la paisibilité du cadre.
Si on peut regretter que la grimpette à flanc de montagne avec la grosse pierre attachée au dos pompe un peu trop à "La Ballade de Narayama" d'Imamura, des séquences comme le recopiage des idéogrammes au couteau ou celle de la femme qui cache son visage en le recouvrant d'un foulard suffisent à rendre cette peinture apaisée mais réaliste, qui dit qu'on apprend beaucoup de ses erreurs, surprenante et envoûtante.