Un film qui met d’abord en scène l’humain, en soulignant que nous sommes tous des prisonniers.
Après Incendies, Denis Villeneuve nous livre un thriller psychologique. Thriller qui dure tout de même 2h30, mais qui passe néanmoins sans temps morts - grâce à cette tension sous-jacente dès les premières minutes jusqu’au dénouement du film. Le rythme est lent, lourd et glauque mais baigné dans un suspens et un doute constants : on appréhende le moment où tout va basculer. Les images sont elles aussi froides et la partition discrète de Jóhann Jóhannsson les accompagne très bien. Les deux têtes d’affiche y contribuent particulièrement, avec un Hugh Jackman à sa place - pourtant dans un registre peu exploité dans sa carrière. Quant à Jake Gyllenhaal, il incarne un inspecteur de police flegmatique, qui essaie de réunir des preuves bien minces, et dessine un personnage bien plus subtil qu’il n’y paraît.
Certains thèmes déjà abordés dans Incendies sont une nouvelle fois traités, comme la torture, les intrigues parallèles, ou encore le fait de mettre à jour des pratiques qui durent depuis des années. Le traitement de ces sujets est tout de même moins puissant que dans son précédent film, et le dernier quart d’heure n’est pas aussi dense que le reste, sans doute à cause d’une production américaine. Finalement, ce qui fait la force du film et qui le démarque ainsi des autres polars/thrillers, c’est que les faits sont exposés sans pour autant ni porter de jugements, ni placer une morale moribonde en scène pré-générique.