Tandis que Denis Villeneuve commençait à se faire un petit nom dans le milieu, notamment après le très bon Incendies, son précédent long-métrage, celui-ci confirmait son nouveau statut d'étoile montante du cinoche de qualité en proposant à un plus large public, et avec des moyens en plus, un thriller boréal au titre que les traducteurs français n'auront pas souhaité traduire dans notre si jolie langue : Prisoners.


Ce qui frappe en premier (et ce n'est qu'un début^^), c'est la maîtrise derrière la caméra du réalisateur québécois, que ce soit au niveau de la photographie et des plans, hypnotiques (la séquence en bagnole par exemple, même si au Canada on ne se range pas pour laisser passer les voitures de flics apparemment^^), ou encore l'utilisation de la musique distillée avec parcimonie et efficacité.
A noter également, devant la caméra, de belles prestations de la part des premiers rôles : Hugh Jackman campe un père la colère retombant dans ses travers alcooliques de manière hyper convaincante, vraiment ; Jake Gyllenhaal, tout en clignements d'yeux, propose une prestation policière d'une opiniâtreté solide ; quant au jeune Paul Dano, il s'en prend plein la gueule avec une telle innocence et un tel effroi au milieu d'un décor métaphorique des chambres à gaz (douche + symboles du carrelage) que ces scènes ne m'avaient pas quitté d'un iota 5 ans après...
J'ai eu cependant un peu plus de mal avec la tante, que l'on dirait maladroitement grimée, ou encore avec la mère d'Anna, un peu trop hystérico-dépressive pour ne pas me saouler...


Mais c'est tellement bien foutu dans l'ensemble qu'on ne voit pas le temps défiler, notamment grâce à une intrigue foisonnante et captivante du début à la fin, malgré les 2h30 de film environ. Il s'en dégage en outre une atmosphère pesante, suffocante, glaciale, et en un mot : fascinante.


Le scénario, relativement complexe, se fait riche en rebondissements et en recoupements, mais les informations se trouvent suffisamment bien amenées pour que l'on ne se perde pas trop au coeur de ce dédale, jusqu'à totalement s'y retrouver, ce qui fut mon cas, au cours du deuxième visionnage...
Mais il y a un mais : l'épilogue me semble toujours un peu trop facile ou du moins certaines scènes peu crédibles


(la fuite de la première fille, le sifflet que l'on entend à peine alors qu'il n'y a qu'une mince plaque recouvrant le trou ; il y avait aussi le gars qui se fait griller comme un naze à la cérémonie mortuaire assez tôt dans le film...)


M'enfin au final, Denis Villeneuve nous a quand même concocté un sacré thriller d'ambiance et de violence sur la vengeance aveugle et la subjectivité des interprétations liées à la frustration de chacun (les paroles d'Alex Jones, le mobile des enlèvements, etc).
L'un des meilleurs du genre à mon goût.


Allez hop ! A la douche ! :o


8,5/10

Créée

le 23 août 2015

Critique lue 386 fois

10 j'aime

RimbaudWarrior

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