Au fond, le cinéma c'est avant tout une vision de comment on perçoit le média. Est ce qu'au fond le cinéma n'est qu'un prolongement du théâtre, c'est à dire, un scénario et des acteurs qui jouent des personnages, avec une mise en scène effacée ou quasi effacée? Ou alors, il est plus que cela, c'est à dire qu'il incarne par sa forme, quelque chose de vivant, qui va au delà de son simple récit cinématographique.
Pour ma part, moi choix est vite fait en voyant "Le procès de Jeanne d'Arc" qui correspond à la première vision du cinéma exprimé. Ce film n'est qu'une reconstitution du déroulement du procès de Jeanne d'Arc, résisté par des acteurs. la mise en scène est donc absente. Bresson fait le choix d'en faire le moins possible pour rendre cela le plus réaliste possible. Vous me diriez que grâce à cela, on va atteindre une forme de grâce du à la fidélité du texte, et bien non car au bout de 10 minutes (aller 20 pour être gentil) on a compris que on va assister juste un procès, en plus récité dans un vieux français, qui fait l'effet d'un soporifique, même si les acteurs sont pas mauvais. On a compris qu'ici aucune audace ne serait tenter par Bresson, rien juste de la récitation. Et bien, je préfère aller me lire le texte en question que m'infliger cela.
Et qui plus est ce film (aussi en noir et blanc), souffre de la comparaison avec "La Passion de Jeanne d'Arc" de Dreyer, qui date de 1928, et qui lui tente des choses, par sa mise en scène, par sa musique. Et pourtant ce film est muet et exprime bien plus de chose sur la figure de Jeanne d'Arc que ce film de Bresson. Et pourtant ce film, abuse des gros plans, cela n'est pas forcément compliqué, mais c'est un vrai propos de cinéma et ça magnifie le film et la figure de Jeanne d'Arc.
En même temps avec un titre comme passion, on comprend que la vision du réalisateur est bien moins réaliste, plus fantasmé, mais c'est ce qui nous permet de tutoyer les cieux, par sa grâce, chose que ne fait pas "ce procès" qui est aussi attrayant qu'un procès.