Un nouveau film de genre coréen est toujours un petit événement pour moi, le pays étant passé maître dans la production de ce type de divertissements, à la fois excitants, farfelus et frôlant souvent l’horreur. Une typologie de films qu’on a encore bien trop de mal (malgré quelques efforts notoires du CNC ces dernières années) à voir aboutir en France.
Malgré tout, Project Silence est une petite déception et se contente d’être une honnête série B. Vendu comme le nouveau Dernier train pour Busan, il faut bien avouer que ce long métrage, signé Kim Tae-Gon (dont c’est le premier film à sortir en France) n’est pas au niveau de son illustre prédécesseur.
Je suis même plutôt étonné que le film ait été sélectionné à la traditionnelle Séance de Minuit coréenne du festival de Cannes 2023. La sélection n'était pas une manière de rendre hommage à l’acteur Lee Sun-Kyun, super-star en son pays (il a notamment travaillé à de nombreuses reprises avec Hong Sang-Soo, était à l’affiche du Parasite de Bong Joon-ho et plus récemment du réussi Sleep de Jason Yu), puisque ce dernier était encore vivant et d'ailleurs présent au Festival. L'acteur s’est donné la mort en décembre dernier suite au harcèlement médiatique à son encontre après qu’une affaire de consommation présumée de drogues le visant ait éclatée – affaire pour laquelle il a été depuis blanchi, sans jeu de mot.
Project Silence, qui est d’ailleurs dédié à sa mémoire, marque donc l’un des derniers films de cette icone coréenne. Et il faut dire que Lee Sun-Kyun est sans doute ce qu’il y a de mieux dans le film. Il interprète le rôle de l’adjoint à la sécurité de la Maison Bleue – le palais présidentiel coréen – qui accompagne sa fille à l’aéroport. Sur la route, un épais brouillard se lève, véritable purée de pois. Le père et sa fille sont alors victimes d’un immense carambolage sur un pont de Séoul. Pas de chance pour eux, un fourgon de chiens est également pris dans l’accident. Et il ne s’agit pas de petits chiots destinés à un concours beauté, mais bien d’une bande de canidés clonés mutants génétiquement modifiés et contrôlés par ordinateur (oui oui, plus c’est gros, plus ça passe).
J’ai eu du mal à complètement me laisser embarquer par le film. Pour un concept de film très simple (des survivants bloqués sur un pont), j’ai trouvé le background des chiens inutilement compliqué. Et puis il faut dire que depuis L’Appel de la forêt de Chris Sanders, j’ai beaucoup de mal avec les chiens créés en CGI...
Pourtant, tout dans Project Silence n’est pas à jeter, loin de là : on retrouve ici tous les codes des films catastrophes, l’action laisse peu de répit à son spectateur, et le long métrage propose son lot d’effusions d’hémoglobine. Le film aurait très bien pu être un DTV sympathique, mais c’est aussi parfois chouette de pouvoir découvrir une gentille série B sur grand écran.
Voilà un film qui ne marquera pas les annales du genre et qui sera plutôt vite oublié, mais qui remplit sa mission d’honnête divertissement, pour un samedi soir désœuvré où notre cerveau est à l’arrêt.