Réalisateur aussi éclectique qu'inégal, capable d'enchaîner les chefs d'oeuvres et les bouses les plus sombres, Ridley Scott n'est jamais aussi bon que lorsqu'il touche à la science fiction. En deux films, Blade Runner et Alien, il a ainsi donné au genre deux oeuvres cultes, aujourd'hui encore considérée comme des monuments. Alors, lorsqu'il a annoncé vouloir donner un prequel au dernier nommé, l'attente des fans ne connut plus de limites.
Il faut dire que les origines de la créature emblématique ont été l'objet de maintes questions, au centre desquelles se trouve l'identité de la personne retrouvée dans la salle de ponte du premier film, victime du terrifiant "face hugger". Une question qui ne trouvera pas de réponse, en tout cas pas dans ce film. En fait, on en viendrait à se demander le lien entre la saga et ce film, sans une scène finale à la fois sublime et...franchement inutile. Tel est le paradoxe de ce film, qui pose de nombreuses questions sans apporter de réponses, et sonne au final un peu creux.
Le scénario est ainsi un monument dressé contre la logique, rempli de contre-sens et de facilités, au point que l'on se demande parfois si les auteurs se sont relus avant de rendre leur projet. On passerait facilement certaines incohérences (après tout, un film comme Avengers en est rempli, sans pour autant gâcher le plaisir) si l'on sentait poindre derrière un véritable projet artistique. Mais, là aussi, la déception est au rendez vous. Pas vraiment clin d'oeil au Alien premier du nom, pas non plus prequel en tant que tel, le film se révèle juste creux, d'une insupportable prétention au vu du résultat final.
Trop d'ambition, peut être, pour une production qui part sur une quête philosophique sur l'origine de l'humanité avant de se mettre à débiter un discours creux sonnant terriblement faux. Dommage, d'autant plus que la réalisation est plutôt de bonne qualité, on sent l'habitude de Ridley Scott de s'occuper de grosses machines hollywoodiennes, et il donne une belle ampleur au projet. Mais, une fois de plus, cela ne suffit pas à rattraper le film, d'autant qu'on est très loin de l'étouffante terreur claustrophobe ressentie dans Alien, ou même du déchaînement d'action brutal d'Aliens. Mi figue, mi raisin, le spectateur se retrouve projeté dans un conflit qu'il ne comprend pas, au milieu de personnages manquant cruellement d'identité ou de sympathie. Et sans empathie envers ces pauvres pâtés pour créatures extra-terrestre, difficile de se projeter sur la toile.
Une déception à la hauteur de l'attente, pour un prequel qui n'en est finalement pas un. Les fans de la créature humanoïde pourront tout de même se rassurer en se persuadant de deux points. Premièrement, à l'instar de plusieurs productions estampillées Scott, un Director's cut risque de voir le jour en DVD/Blu Ray, qui nous permettra de voir ce que la bête a véritablement dans le ventre. Deuxièmement, même si cela est moins sûr, la fin semble ménager la possibilité d'une suite. Si le film rentre dans ses frais, peut être aurons nous enfin les réponses à toutes nos questions...