Promesse tenue ! Ou l'anti-avatar par excellence...
A tous les rageux de la vie qui aiment descendre un film parce qu'il a pas la prétention d'un Hitchcock ou je sais quel autre cinéaste que personne connaît mais que tout le monde encense, je commencerais par dire ceci :
OUI JE SUIS D'ACCORD AVEC VOUS RIDLEY SCOTT ETAIT DESCENDU BIEN BAS CES DERNIERS (ENFIN CA FAIT UN PTIT BAIL MAINTENANT QUAND MEME) TEMPS.
Mais ça l'empêche pas de soigner son bébé quand il tente de se faire du fric sur la vague. Contrairement à un Spielberg ou un Lucas, il le fait bien.
Rassurez vous tout de suite, fans d'Alien de la première heure, Ridley n'a pas, comme l'a dit South Park pour Spielberg et Lucas de manière TRES imagée, violé Alien.
Donc je vais commencer par les défauts, pour faire plaisir aux grincheux.
Oui, le film est HYPER mal joué, comme toute bonne grosse prod cainri pleine d'acteurs semi-connus en manque de (tunes oui bon ok mais aussi de) possibilités pour assoir leur présence dans le milieu.
Grâce à ce film, je viens de me rendre compte pourquoi j'avais pas mis 10 au deuxième Sherlock comme au premier, tout simplement parce que y a la même meuf-qui-sait-trop-pas-jouer-limite-elle-te-gâte-le-film, qui s'avère n'être autre que Noomi Rapace, dont j'avais entendu parler pour Millenium que je n'ai jamais vu. D'ailleurs, c'est vous dire si ça me donne envie de le voir...
Y a aussi un Michael Fade-Bender (c'est comme le port salut, c'est écrit dessus) que je ne crois pas avoir déjà vu dans d'autres films, ou en tout cas sinon c'est qu'il doit y être à peu près aussi bon que dans celui-ci, et encore ici il a une excuse, il joue un robot...
Ensuite y a tout un pend de scénar nul et non avenu (comprenez par là qu'il est certes intéressant, mais s'avère totalement secondaire dans le film, sans aucun lien ou presque (on essaye de nous le faire croire en tout cas) avec l'histoire principale) mais qui permet de "fausse-pister" le spectateur sur le pourquoi du comment d'Alien 1.
Et puis, j'en entends beaucoup qui vont dire : "Mais attends, les dialogues sont sur-bateaux, c'est écrit au couteau de boucher !". Et là je dois dire que oui, mais non... Parce que certes, on a le droit à toutes les phases les plus clichées du genre, mais justement, en te sortant à chaque fois une phrase juste à côté de celle à laquelle tu t'attendais.
Le meilleur exemple est peut-être quand le capitaine du "vaisseau qui coule" (no spoil) propose à l'équipage s'il veut se barrer, et que bien entendu, le gentil équipage veut rester, mais lui sort "Sans vouloir vous vexer, capitaine, vous êtes un très mauvais pilote et pour une manoeuvre comme celle-là je pense que vous allez avoir besoin de toute l'aide possible..." On évite de justesse le gros poncif habituel tout en restant dans le somme toute hyper classique, mais du coup y a une certaine ironie teintée de légèreté qui s'en dégage.
C'est d'ailleurs un peu l'effet que m'a fait tout le film. Pour ceux qui n'auraient aucune idée de l'histoire du développement de ce film, en gros, Ridley se dit "je vais faire un Alien prequel", puis en plein milieu il se dit "fuck j'vais m'planter comme Lucas si j'fais ça, alors j'vais faire un semi stand-alone avec jusque ce qu'il faut de références à Alien et ça ira bien comme ça..." et il a eu raison !
Du coup, on a le droit à un film essentiellement contemplatif. Je m'arrête ici pour faire un détour dans ma critique par la case 3D. Je HAIS la 3D gadget à la Avatar "et que j'te balance des zolis fleurs que tu peux essayer, jeune public béat, d'attraper avec tes mains, hihihi c'est rigolooo tooh punaise...". Et ici, pas du tout. C'est soft, réaliste et magnifique dans les plans larges, c'est subtil et inventif dans les plans qui s'y prêtent, d'ailleurs on se demande si la partie "inutile" du scénar n'est pas justement juste un prétexte à ces subtiles expériences visuelles.
Les références à Alien sont parfaitement dosées, outre le plan final évident que je spoilerais pas même si franchement si vous vous doutez pas de ce que je veux dire, c'est qu'vous avez rien suivi depuis le début lol. On nous donne juste ce qu'il faut pour lier les deux sans en faire des tonnes, et à nous de recoller les morceaux. J'éviterais de préciser ces références, car selon moi elles sont LA plus-value du film pour les fans de la saga.
Voici donc pour la subtilité, place à l'ironie. Et on entre dans le paragraphe SPOIL SPOIL SPOIL SPOIL SPOIL (léger, mais quand même...)
L'histoire principale nous propose une héroïne croyante, limite créationniste, donc très très conne quand même... Mais qu'en prend plein la gueule et qui finit en meuf désabusée qui se rend compte de la faiblesse de ses "Créateurs" et donc de sa croyance et qui voudrait qu'ils lui rendent des compte, sorte d'allusion un peu pataude au mythe de Prométhée... Première ironie.
Le chef de l'expédition est un tyran-gentleman sénile, qui semble avoir instauré une compét entre sa fille naturelle et son fiston robotique, à peine esquissée, mais suffisante pour rendre la médiocrité (au sens propre du terme, merci je sais plus qui qui m'a corrigé là dessus sur une précédente critique, avec toute fois l'ajout que certes c'est synonyme de moyen, mais avec une connotation péjorative signifiant "en dessous de ses capacités") du personnage. Et il finit exactement comme il le redoutait et à tenter d'en réchapper, en vain... Ironie 2.
Et on rentre dans le vrai SPOIL : les "créateurs" ont apparemment créé l'homme, plus ou moins à leur image, mais l'ont trouvé bidon et ont voulu le buter en créant une autre race, sorte de Némésis parfait des humains, mais ils se sont pris leurs créatures dans les dents et (comme on le sait si on s'arrête à Alien 4) sans réussir à exterminer les humains ou (si on compte les immondes Alien Vs Predator 1 et 2) presque réussi... Ironie 3, et encore gros pompage de Prométhée, mais en beaucoup plus négatif au final pour les "Dieux".
FIN DU SPOIL, ET CONCLUSION
Bref, si je voulais faire mon gros cynique je dirais que Ridley sait parfaitement faire poireauter pendant 2 heures son spectateur pour lui donner ce qu'il veut, un rab de mythologie "Alienesque". Mais comme j'essaye de me soigner, je dirais que ce Prometheus est simplement reposant dans ce monde de Blockbusters survitaminés, beau visuellement dans ce monde de Blockbusters "sur-gadgetisés", et léger dans ce monde de Blockbusters débiles non assumés. En précisant que quand je parle de Blockbusters, je me limite à ceux de sa catégorie, type Avatar ou Star Wars nouvelle édition remasterisée remixée et 3Difiée...
ADDENDUM : Je viens de lire une interview de Ridley qui explique son film. Bon effectivement, sans parler de créationnisme, il semble bien dans un délire "la vie a été développés sur notre planète par des E.T. qui sont des sortes de gardiens chargés par dieu (je préfère dire "les dieux") de semer la vie dans l'espace", en gros... Et Noomi est bien Prométhée qui veut se coltiner les "gardiens" parce que c'est des connards... Donc je confirme, l'histoire du film est toute bidon, mais avec un côté ironique (ou en tout cas qu'on peut prendre au second degré), et ce qui fait le charme du film, outre sa réal globale, sont ces petits clins d'œil explicatifs à Alien dont le film et parsemé. Et donc non je ne changerais pas ma note, vous pouvez continuer à disliker tant que vous voulez, bande de rageux lol.
