PTU (2003) / 87 min.
Réalisateur : Johnnie To - 杜琪峰
Acteurs principaux : Simon Yam - 任達華 ; Lam Suet - 林雪 ; Maggie Siu - 邵美琪.
Mots-clefs : Hong-Kong - Policier - Quasi-Noir.
Le pitch :
Une nuit à Hong-Kong, un policier perd son arme de service, un bandit se fait poignarder, le SWAT local couvre des collègues, des parrains cherchent à s'entretuer, des braqueurs braquent, des indics balancent et une inspectrice de la crim n'est pas en reste..
Premières impressions :
Le cinéma de Hong-Kong ne m'a jamais vraiment émoustillé. Non, mon truc à moi, ça a d'abord été le cinéma japonais des années 90 / 2000 auquel s'est ajouté le cinéma coréen des années 2010. Hong-Kong est quelque chose que j'ai commencé à regarder sur le tard et pas de façon très sérieuse. Quand j'étais môme, il résonnait comme un truc d'arts martiaux sans queue ni tête qui horrifiait ma mère et aujourd'hui encore, j'ai tendance à le considérer comme un cinéma bis que je peux regarder d'un œil avant de m'endormir. Pourtant, au milieu des films commerciaux tournés à la chaîne, Hong-Kong a su produire un bon paquet de films de qualité et PTU est de ceux là.
PTU, pour Police Tactical Unit, est un film aux antipodes de ce qui se fait aujourd'hui dans l'industrie du cinéma d'action dont les films nous bombardent d'adrénaline pour nous faire oublier leurs marasmes scénaristiques. Non, PTU c'est tout l'inverse : un film sombre qui prend le temps de poser ses personnages et ses enjeux, relativement simples d'ailleurs, c'est une lente montée en tension qui nous plonge au cœur de la nuit de Hong-Kong jusqu'à un final explosif. Ici les personnages ne viennent pas sauver le monde, ils se contentent plutôt de sauver leurs carrières dans une atmosphère toujours plus lourde. La Hong-Kong de Johnie To ressemble au Paris de Melville, elle dégage un vide inquiétant et les personnages prennent peu à peu des allures de ceux de Full Metal Jacket.
PTU est un film immersif. Le son y est particulièrement travaillé. Alors que l'unité de policiers traverse des ruelles vides sous les néons inquiétants, il y a toujours un bruit de fond, une voiture qui passe au loin, un talkie-walkie qui crache, un grincement électrique oppressant. Cette oppression se retrouve aussi à l'image. Toute l'introduction se déroule en plan serré, avant que les plans larges ne dévoilent cette sorte de ville fantôme baignée de lumière noire et dorée. Il aura fallu trois ans pour tourner le film les dimanches soirs de deux heures à six heures du matin. Les interactions sont faites de jeux de domination en plongée et contre-plongée. Les policiers ne sont pas ici des héros, juste des hommes qui se tiennent à l'écart de la lumière, se sont littéralement des ombres dont le visage ne se révèlent que rarement.
Pour conclure, je ne saurais que trop conseiller PTU. Je n'étais pas moi-même particulièrement attiré par le film avant de l'avoir vu. Je craignais de voir l'un de ces trop nombreux films d'action de HK au scénario tenant sur un timbre poste mais j'ai vu un film beaucoup plus intéressant, immersif, à la limite du film noir. Bref, un bon film du dimanche soir.