Pulsions par Gérard Rocher La Fête de l'Art
Kate Miller est une femme encore jeune qui se sent frustrée au niveau de ses relations intimes avec son second mari. Ses fantasmes se bousculent en elle ne sachant plus trop faire la part des choses entre le réel et l'irréel. Vivant cette situation très difficilement, elle décide de consulter régulièrement un psychiatre, le Docteur Elliott. Kate se rend un après-midi dans un musée de New York avec des intentions bien définies, celles de séduire un homme. Elle y parvient finalement et décide de passer la nuit avec lui. Après ce moment qu'elle juge excellent, elle quitte le logement et dans l'ascenseur se fait agresser de la plus atroce des manières par une inconnue toute de noir vêtue et munie d'un rasoir. Liz Blake, une jeune call-girl qui se trouvait sur place, est témoin de ce carnage et décide d'en savoir beaucoup plus sur cette affaire en connivence avec Peter, le fils de Kate, véritable acharné d'électronique. Celui-ci va mettre au point un stratagème en compagnie de Liz en braquant une caméra auprès du cabinet du Docteur Elliott afin de noter les différentes allées et venues.
Ce ne sont pas les pulsions qui manquent à Kate qui se sent lasse de sa vie morne et pleine d'insatisfaction notamment sur le plan affectif et sexuel. C'est dans ses pensées, dans ses rêves qu'elle se fonde un semblant d'existence mais cela ne suffit pas, la jeune femme a tant d'amour à donner mais aussi à recevoir. C'est pourquoi elle tente de trouver une âme sœur en faisant semblant de visiter un musée et en s'intéressant bien plus aux messieurs déambulant dans les allées qu'aux toiles exposées, le voyeurisme lui procurant beaucoup de plaisir. Elle trouve également un "refuge moral" auprès du Docteur Elliott, son psy, pour l'aider à se décharger du malaise qui la mine. Ce docteur est une curieuse personne qui lui aussi s'empêtre dans une double personnalité nourrie aussi de fantasmes et d'exhibitionnisme comme sa cliente. Kate, dans les détours du musée, trouve un homme qu'elle va suivre dans son appartement et avec lequel elle va retrouver à plusieurs reprises les sensations de jouissance qui lui font défaut. Le drame va se produire dans l'ascenseur après avoir quitté son compagnon. Qui est donc cette femme toute de noir vêtue qui va se livrer à un véritable massacre entre le septième étage et le rez-de-chaussée à l'aide d'un rasoir bien affûté ? La scène est cauchemardesque pour Liz, témoin du désastre sanguinaire. La police tente de reconstituer le déroulement de ce crime en convoquant les personnes proches de la victime. Il y a aussi Peter, le fils de la défunte qui tout autant que Liz ne tient pas à rester dans l'ignorance de l'assassin. Tout deux vont former un fameux couple afin de piéger l'horrible créature qui se livre à de tels massacres, une horrible créature qui est susceptible de réitérer son geste à n'importe quelle occasion. Trois armes vont alors entrer en action, la séduction du côté de Liz, une caméra et un chronomètre du côté de Peter. La question est maintenant de savoir si eux-mêmes ressortiront indemnes de cette traque aussi bien physiquement que moralement.
Il est vrai qu'en voyant ce film de Brian De Palma, il est difficile de ne pas avoir une petite pensée pour Hitchcock avec son célèbre "Psychose" sauf que là le réalisateur nous emmène dans une œuvre quelque peu autobiographique. Des manies, des traits de caractère mais aussi des actes, non violents rassurez-vous, servent de trame à cette histoire psychologique intrigante et d'une terrifiante violence morale et physique. Néanmoins j'ose avouer que je n'ai pas été vraiment "transporté" par ce film car j'attendais une intrigue plus développée au niveau de son intérêt. C'est vrai l'étude des personnages est très aboutie, certaines scènes ne pouvant que rester en mémoire. Bien sûr outre le carnage de l'ascenseur, il y a cette tentative d'agression de Liz dans le métro qui nous vaut une poursuite infernale allant au bout du suspens et la scène capitale de la douche où Liz aperçoit les chaussures de l'assassin puis son visage grâce à un jeu de glaces. Je ne veux pas oublier également ce terrible et impressionnant cauchemar que va subir cette jeune call-girl. Brian de Palma est le plus souvent brillant dans les mises en scène de ce genre de réalisation mais peut-être, sans considérer qu'il s'agisse d'une œuvre mineure, m'a t-il manqué cet effet de surprise pour me transcender, ayant l'impression de "déjà vu".
L'interprétation est magistrale. Michael Caine, le Docteur Elliott, est très sobre, énigmatique dans son rôle de personnage déchiré par sa double personnalité, capable de pulsions tout autant que Kate, sa séduisante cliente, Angie Dickinson, laquelle nous fait admirablement découvrir ce désarroi qui la verse irrémédiablement vers des fantasmes sexuels qui la mèneront vers cette terrible fin. Elle est d'ailleurs absolument grandiose dans cette scène ahurissante de l'ascenseur. Nancy Allen dans le rôle complexe de la très sexy Liz Blake nous tient en haleine dans son costume de "chasseur chassé" et on se souviendra longtemps de certains passages d'anthologie qu'elle interprète admirablement bien. Je voudrais également citer Keith Gordon qui nous rend une excellente copie en nous faisant découvrir le personnage très inventif et organisé, Peter Miller, le fils de Kate et l'allié fidèle de Liz.
Me voici donc très gêné au moment de noter ce film compte-tenu de certaines réserves que j'ai notifiées dans cette critique. Compte-tenu de la formidable interprétation pour des rôles très complexes, de l'analyse psychologiques des personnages et enfin de la maîtrise incontestable du metteur en scène je vais me montrer très magnanime dans mon jugement tout en conseillant aux âmes sensibles de s'abstenir.