Vu d’aujourd’hui, il est assez incongru de constater que Nicolas Winding Refn, amateur de films très esthétiques à la narration visuelle (certains diront prétentieux), a commencé sa carrière avec ce « Pusher ». Car s’il on y retrouve son goût pour les intrigues autour de la petite pègre, la forme y est très différente !
L’histoire de ce dealer de Copenhague, happé dans les embrouilles, est filmée caméra à l’épaule, avec une économie d’effets que n’auraient pas renié les adeptes du Dogme 95. Le parallèle est d’autant plus amusant que Thomas Bo Larsen, l’un des protagonistes de « Festen », y fait une courte apparition ! Le style se veut donc documentaire et réaliste, avec des gros plans qui accompagnent en permanence le protagoniste, une lumière presque naturelle (les séquences nocturnes d’intérieurs sont ainsi souvent –et volontairement- mal éclairées).
Ce choix artistique avait peut-être un impact en 1996, car très éloigné des films de gangsters « classiques » à la forme très soignée, de Coppola ou Scorcese. Mais aujourd’hui, il est quelque peu anecdotique. Si bien que le film est porté par ses dialogues et ses acteurs. Et heureusement, ces derniers sont très convaincants, avec notamment un très bon Kim Bodnia en « Pusher » qui est peu à peu enfoncé dans un trou sombre par les événements qui dérapent les uns derrière les autres. Ce qui n’était pas gagné car son personnage est relativement antipathique. On repère aussi Mads Mikkelsen en copain déjanté, pour son premier long-métrage.
A noter, une BO rock/metal très sympathique.