Une agence de publicité de New-York va voir la mort de son directeur, et par un concours de circonstances, le nouveau dirigeant va être de couleur noire, le seul de la société. Sa nomination va être le signe de changements profonds, entre publicités subversives et/ou destinées aux personnes de couleur noire.
Robert Downey était un réalisateur de New-York qui faisait essentiellement des films indépendants, souvent engagés, et qui semble-t-il ne sont pas très connus. Sauf celui-ci, dont j'ai appris que c'est le film préféré du comique Louis C.K., et qu'il doit plaire à un certain George Lucas qui, par l'intermédiaire de son fondation, a financé sa restauration dans les années 2010. Car aussi saugrenu que soit le film, il est un marqueur de son temps, une version déjantée de ce que sera des décennies plus tard la série Mad Men. Démarrant par une formidable introduction, un conseiller tatoué qui prend près de 30000 $ en comité d'administration pour déclamer que la bière prise en charge par l'agence publicitaire a un gout de pisse, et qui repart aussitôt lancée cette affirmation, on voit ensuite le président s'écrouler sur la table à la suite d'un infarctus parce que, en tant que bègue, il n'arrivait pas à dire son mot, et sa réélection se fait dans la foulée avec le corps de l'ancien président sur le long.
Il faut dire que tout le film est une immense satire de la publicité, où Putney Swope, joué par le débutant Arnold Johnson, va bousculer l'ordre établi avec l'aide sa communauté noire qui envahit les couleurs de la société, avec des publicités souvent subversives. D'ailleurs, elles sont filmées en couleur alors que tout le reste du film est en noir et blanc. On en voit plusieurs, comme une petite comédie musicale sur une jeune femme de couleur blanche et un jeune homme noir, une femme qui vante les mérites de l'air conditionné dans une rue sordide avec un clochard à ses pieds ou encore quatre hôtesses qui sautent sur des banquettes seins nus pour vanter les mérites d'une compagnie aérienne.
L'arrivée de Putney Swope représente une révolution formelle, qui vient bousculer les vieux poncifs de la publicité, et tout le film est à cet image, parfois drôle, souvent brouillon, il en renverse beaucoup, mais il dénonce à la fois l'hypocrisie des publicités, la place des noirs dans la société, jusqu'à un final où Swope sera déguisé en Che Guevara, ce dernier étant mort quelques mois plus tôt.
Même si je ne suis pas sûr d'avoir tout compris, Putney Swope est un film de son temps, à la fois dénonciateur, rageur, mais qui garde aussi son humour. Du coup, ça me donne envie de voir d'autres œuvres de Robert Downey...