Comme « Designing Woman » (La femme modèle) réalisé un an plus tôt « The Reluctant Debutante » appartient à la veine satirique, avec le bal des débutantes londonien en toile de fond. Férocement, le paraître, une fois de plus, est enfoncé par une réalité matérialisant le rêve d’une adolescente (Sandra Dee, 16 ans). Minnelli assume pleinement la théâtralité de la pièce d’origine, tout en filmant avec élégance des décors très soignés et des robes signées Balmain qui ne le sont pas moins. Mais la comédie lorgne trop du côté des pièces de boulevard (l’auteur de la pièce écrivit aussi l’adaptation à l’écran), et si le spectateur passe un bon moment, les sourires sont plus fréquents que les rires, la verve mi-burlesque mi-cartoon de « Designing Woman » semblant perdue, au profit d’une rivalité entre deux mondaines (Kay Kendall et Angela Lansbury) émaillée de dialogues savoureux. Reste une mise en scène qui parvient à se dégager du huis clos et une direction d’acteur admirable, où chacun tient son rôle, au propre comme au figuré et, par là même, offre un déroulé sans surprises. Très plaisant, mais mineur dans l’œuvre du cinéaste. Toutefois, pour les cinéphiles, la vision du film sera empreinte d’une certaine émotion par la présence du couple Rex Harrison – Kay Kendall. Dans la vie réelle il se terminera tragiquement l’année suivante par la disparition prématurée de l’actrice à l’âge de trente trois ans, d’une leucémie que Harrison lui cacha jusqu’au bout. La performance de l’acteur n’en est que plus remarquable, car lors du tournage, il savait.