Un peu déçu par ce film à l'aura mythique, qui vaut surtout pour l'affrontement de deux légendes hollywoodiennes au crépuscule de leur carrière - Bette Davis et Joan Crawford, deux rivales qui se détestaient vraiment dans la vie (voir à ce sujet la série "Feud" de Ryan Murphy).
Rien à redire sur le propos, riche : Aldrich dénonce pêle-mêle le cynisme des studios, les ravages de la célébrité, la starification précoce des enfants...
Par ailleurs, le réalisateur fait preuve de son audace habituelle en montrant la vieillesse comme un naufrage, la famille comme un espace mortifère (cf les deux sœurs mais aussi le rapport incestueux entre le pianiste et sa mère), et en esquissant une relation "sentimentale" entre un obèse vénal et une vieille folle...
En revanche, l'aspect thriller psychologique m'est apparu assez laborieux : après une mise en place très réussie et un premier tiers intrigant, "What Ever Happened to Baby Jane" souffre de fréquentes longueurs. Le rythme est délibérément lent, et l'évolution des personnages s'avère prévisible, de sorte que le spectateur contemporain a constamment un coup d'avance sur le récit - à l'image du twist final qui ne surprendra personne.
Je n'oublie pas que le film d'Aldrich a bientôt soixante ans, mais j'ai trouvé que l'ensemble manquait de nervosité et de mystère, sans même parler des invraisemblances.
Dommage également de ne pas avoir exploité davantage certains personnages secondaires, à commencer par le pianiste incarné par l'étonnant Victor Buono.
Ultime grief : la musique bien trop présente à mon goût.
Même si "Baby Jane" ne m'a pas transcendé, je suis content d'avoir vu ce standard des années 60, ne serait-ce que pour la prestation hallucinée de Bette Davis (et celle de Joan Crawford, à un degré moindre), mais aussi pour la mise en scène maîtrisée de Robert Aldrich, sublimée par un très beau noir et blanc signé Ernest Haller.