Ce film me rappelle de nombreux souvenirs, j'avais oublié que Villepin avait été ministre des affaires étrangères avant d'être premier ministre, la guerre en Irak...
Ce film est un mélange de In the Loop que j'avais beaucoup aimé et de l'exercice de l'état. D'ailleurs le film traite de la même période que In the Loop mais du côté français (même s'il est moins corrosif que le film anglais).
En fait on a là un film qui je pense est encore en deçà de la réalité. On se doute bien que les ministres sont des incompétents notoires (on a quand même eut Roselyne Bachelot ministre de la santé) qu'ils se font des crasses entre eux et qu'en réalité c'est des conseillers qui font tout le travail pendant que le ministre remue beaucoup de vent pour rien. Et le film c'est exactement ça, on a le ministre qui fait du vent, ce qui est signifié d'une manière très BDèsque avec les feuilles qui s'envolent dès qu'il entre dans une pièce (je suppose que ça vient de la BD), qui change d'avis toutes les 30s qui est quelqu'un qui est incapable de tenir un cap, un propos cohérent et où finalement va laisser toutes les crises être gérées par un de ses conseillers (me souviens plus de son titre exact) joué par l'excellent Niels Arestrup, blasé, n'en pouvant plus de toutes ces conneries, ce brassage de vent.
Tavernier le fait bien passer par la mise en scène, le montage, surdécoupé lorsque la vacuité ministérielle est à l'écran et plus posé le reste du temps. Enfin posé... tout va très vite, des mini scènes qui vont s'enchaîner pendant deux heures. Du coup il n'y a aucune baisse de rythme, c'est drôle, bien foutu, bien joué, Thierry Lhermitte est agaçant juste comme il faut et on a les sublimes Julie Gayet (je ne crois pas l'avoir vu dans un film avant celui-ci) et Anaïs Demoustier qui je l'espère aura une grande carrière parce qu'elle est belle, fraiche, drôle.
On pourrait reprocher au film de ne pas être assez corrosif, mais je trouve que si j'étais Villepin je le prendrai déjà suffisamment mal tant son personnage est juste fatiguant à être à côté de la plaque systématiquement, mais disons que c'est plus des attaques sur Villepin que sur la diplomatie française en générale. Disons que du coup le film est dénué d'un fond plus politique.
D'ailleurs le seul personnage qui a une conscience politique c'est la copine du héros, c'est la seule qui se bat pour quelque chose, tous les autres ne sont que des pitres. Et on voit le perso principal être touché par ce même cynisme vain sur la fin.
En gros c'est un joyeux bordel et c'est à voir. Même si je pense que l'on peut être agacé par ce rythme survolté si on n'arrive pas à entrer dans le film.