Un riche vieux et dégueulasse est assassiné. Une chanteuse arriviste, qui usait de ses charmes auprès de lui, risque d'être inquiétée. Son mari jaloux, qui avait proféré des menaces de mort, est également ciblé par la police...
Evidemment, "Quai des Orfèvres" n'a pas le rythme d'un policier moderne. Il faut d'ailleurs attendre un moment avant l'occurrence du crime. Néanmoins, il offre une plongée amusante dans le Paris d'après-guerre. Amusante, et surtout malicieuse.
Car Henri-Georges Clouzot n'a pas perdu la main. Malgré l'accueil post-Libération très violent envers "Le Corbeau", qui lui interdira de travailler pendant quelques temps, on retrouve ici son style incisif. Qu'il s'agisse des répliques cinglantes, ou des allusions osées ouvertement sexualisées (cette casserole dont le lait déborde sur le feu !).
Malgré cet aspect parfois vache, le film présente finalement tendrement le couple Bernard Blier / Suzy Delair, qui avait pourtant tout pour exploser en vol. C'est cette épreuve et ce crime qui leur donnera en fait une occasion de se rapprocher.
Tandis que la vraie star, c'est Louis Jouvet, l'ancien professeur de Bernard Blier. Excellent en inspecteur blasé, à l'allure nonchalante, et qui s'avère en fait un limier méticuleux, et un interrogateur retord qui n'hésite pas à user des méthodes peu orthodoxes. Le scénario a eu la bonne idée de lui donner un arrière-plan, en le présentant comme ancien des colonie et à la charge d'un enfant métis qu'il chérie, ajoutant un décalage sympathique.
Du bon polar à la française.