Voici un film de guerre que j'ai vu je ne sais pas trop combien de fois à la télé et maintenant en DVD. L'intérêt du DVD est de pouvoir choisir les langues à sa convenance. Car je l'ai eu vu à la télé, en VF donc, avec les allemands qui parlent à la teutonne. Du style "Foulez-fous fous azoir, z'il fous blait" donnant un tour comique à des gens qui ne le sont, normalement, pas vraiment. Lorsque les allemands parlent en allemand, on y croit un peu plus…
L'histoire a été scénarisée puis transcrite en roman par Alistair McLean. Pour avoir lu pas mal d'autres romans de cet auteur (mais pas celui-là !), je peux dire que ce sont des romans qui ont un suspense qui tient le lecteur en haleine sur plusieurs centaines de pages. Ce sont aussi des romans où les héros sont un peu hors du commun en termes de performances physiques, il faut bien le dire aussi. Mais comme McLean se met à la portée du lecteur, ce dernier peut fantasmer à sa guise devant les performances des héros.
Et c'est bien le cas ici dans cette mission à hauts risques qui a pour but d'aller délivrer un général américain prisonnier des allemands dans une forteresse inexpugnable dans le massif alpin autrichien, en hiver, par un temps à ne pas coucher dehors.
La mise en scène de Brian Hutton en décors réels dans la vallée, où est située la forteresse de Hohenwerfen, est spectaculaire et particulièrement bien rendue. Le rythme du film est soutenu par le nombre des rebondissements, ne cessant de passer d'une difficulté à une autre. D'autant que dès le départ, on sent que la mission pour libérer le fameux général se double d'une autre mission, plus délicate, qui est de démasquer un traitre chez les Alliés.
Le chef de mission, c'est Richard Burton auquel lui est adjoint Clint Eastwood dans le rôle d'un officier américain en appui ou plutôt comme œil allié (je ne vais quand même pas le qualifier d'œil de Moscou …) pour cette intrigante histoire de traitrise.
Je relève aussi diverses inexactitudes comme la présence d'hélicoptères anachroniques en 1943 (j'ai vérifié que les premiers dataient de 1945) ou l'arbre explosé par une bombe qu'on voit parfaitement tronçonné (ça simplifierait bien la tâche des bûcherons si ça marchait)…
Parmi les seconds rôles, le gestapiste de service (joué par un certain Derren Nesbitt) arbore un uniforme SS de sturmbahnfüher (équivalent de commandant). Bon, je ne suis pas convaincu mais pourquoi pas. Là où je tique un peu plus, c'est qu'il a une belle chevelure bouclée blonde (presque sexy) dont la longueur ne me semble pas très réglementaire chez quelqu'un de forcément exemplaire. Du coup, il ne fait pas si méchant que ça alors que c'est forcément une ordure et non un pantin dans les mains du colonel des SS. Allez, c'est un détail.
Mais, surtout, il y a un détail qui me gêne comme ça me gêne dans beaucoup d'autres films (américains). Le commando allié sait utiliser correctement ses armes et fait mouche du premier coup sur l'ennemi. Passons sur Eastwood qui brandit à bout de bras, une voire deux mitraillettes à angle droit. Je pense que le mec est vraiment très, très balèze. Parce qu'à angle droit, on ne maîtrise plus du tout le recul de l'arme. Allez, c'est encore un détail.
Ce qui n'est pas un détail, en revanche, c'est que ces balourds d'allemands, eux, tirent comme des pieds. Ils tirent, ils tirent, ils tirent et jamais ne parviennent à atteindre leur cible (à part une bête éraflure sur le poignet de Burton). Alors je pose la question de confiance, comment ça se fait que ces soldats ont réussi en quelques jours à s'emparer de la moitié de l'Europe et qu'il a fallu presque cinq ans pour s'en débarrasser ? Hein ! Moi, si j'avais été à la place du haut-commandement allemand en 1943, je te les aurais envoyés sur le front russe pour leur faire les pieds et surtout leur apprendre à tirer, que diable ! Le Hohenwerfen, c'est "les délices de Capoue" !
Ou, encore, puisque c'est pour du faux, Hutton aurait dû leur payer un petit stage de recyclage. Ah mais ouais, c'est qu'il y aurait eu des morts chez les héros alliés. Et ça, c'était pas possible, c'était pas dans le cahier des charges de la production.
C'est dommage parce que c'est à ces détails qu'un bon film devient un très bon film ou qu'un potentiellement très bon film ne reste qu'un bon film.