Alors certes, c'est un pur film de propagande période "dégel", où le discours politique se cache derrière une belle histoire, et où on loue moins l'URSS que les talents des personnes travaillant pour elle (Mais sans individualisme, pas comme ces capitalistes décadents!), et le tout est joliment emballé histoire de courir les festivals organisés par ces mêmes capitalistes (Palme d'Or à la clé)
Mais, en fait de "joliment emballé" et d'exaltation du bonheur soviétique, le film exalte surtout la virtuosité technique de Kalatozov (et de son chef op Sergueï Ouroussevski), parce que comme leur film suivant Soy Cuba (qui, c'est toujours bon de le rappeler, et un des films préféré de Martin Scorsese), c'est un festival de caméras virtuoses, virvoletantes, de plans séquences impossibles (surtout en 1957), d'idée de mise en scène délirantes, auxquels il faut ajouter des passages quasi-psychédéliques directement hérités de l'Homme à la Caméra de Vertov. La scène du bus, celle (répétée) de l'escalier, sont de véritable monument qui justifie à elles seules le visionnage du film, et devrait être montré dans les écoles de cinéma. Parce que non seulement c'est épatant de technicité (surtout considérant les moyens de l'époque), mais aussi parce que ça fait sens, ce n'est pas gratuit.
Et c'est soutenu par l'interprétation de Tatiana Samoïlova, dont le visage renfrogné m'a par moment rappelé la beauté froide d'une Meiko Kaji.
Bref: Topissime.