La publicité du générique n'annonce rien de bon [01'36]. Encore une fois Jean-Pierre Melville donne trop d'importance à la musique extradiégétique, celle d'un clavecin [32'48], d'un orgue [33'46] ou d'un piano [33'53] pour décrire trois femmes différentes alors que les images suffisent pour le comprendre. Il pratique donc un genre spécial, la musique bavarde qui est pire que les dialogues verbeux.
Juliette Gréco est méconnaissable avec ou sans voile et elle joue très mal surtout sans voile.
La photographie d'Henri Alekan ne sauve pas de l'ennui cette histoire filandreuse qui hésite entre la comédie rose et le drame noir... dans lequel elle s'enlise.
Jean-Pierre Melville considérait ce film comme raté. Il a raison, mais les raisons qu'il en donne relèvent d'une pirouette dont il est coutumier (Rui NOGUEIRA, Le cinéma selon Jean-Pierre Melville, 2021) :
Ray Ventura, qui était un producteur très important à l’époque, un jour m’a dit carrément : "Mais, M. Melville, vous n’êtes sûrement pas un réalisateur de cinéma, parce qu’un réalisateur de cinéma ne doit pas être intelligent !" J’étais tellement complexé par cela que je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas que les gens pensent - ce qui est loin d’être prouvé d’ailleurs - que j’étais intelligent ou intellectuel. Il fallait qu’ils sachent une fois pour toutes que j’étais un homme de spectacle, un point c’est tout. Il fallait donc que je fasse un film très très sage, très très plat. Un film dans l’ordre, et non pas en marge. C’est ainsi que d’un scénario très beau, admirablement bien écrit par Jacques Deval, j’ai fait un film qui aurait pu être tout aussi bien signé par n’importe lequel des réalisateurs français de cette époque-là.