Dans Quand vient l’automne, François Ozon dépeint son regard sur Michelle, une octogénaire recluse dans un village bourguignon, enlisée dans la routine et l’isolement. Alors que le monde semble l’avoir effacée, abandonnée aux marges de la société, Ozon s'efforce de la rendre visible.
Cependant, par son approche, elle est paradoxalement pris au piège des clichés que le réalisateur semble vouloir déconstruire. Michelle, malgré la complexité qu’il lui prête, demeure prisonnière. En résulte, une femme âgée aussi vulnérable que menaçante, dont les failles deviennent autant de prétextes à sa détérioration.
Quant à la narration, l’intrigue s’ouvre sur un empoisonnement, un acte volontaire ou malencontreux, mais qui deviendra rapidement une faute, une aberration qui doit être interprétée, disséquée, voire pathologisée. Tout du long, Michelle n’est jamais maîtresse de sa propre narration : ses choix sont jugés, analysés et effectués à travers les regards des autres : sa fille, son amie, et même la caméra elle-même, semble davantage la scruter que lui donner de la valeur. Elle devient un objet d’étude, un symbole figé, incapable d’échapper à l’emprise de son histoire.
La tension dramatique du film repose sur des codes récurrents et dépassés : Michelle, définie par son rôle de mère et de grand-mère, porte les stigmates d’un échec familial. Cela s’inscrit dans une longue tradition cinématographique où les personnages féminins (et plus encore les femmes âgées) sont réduits à leurs fonctions domestiques et relationnelles.
Visuellement, par contre, Ozon compose un bel hommage à l’automne. Sa palette chaleureuse sublime l’idée d’un crépuscule de vie, où beauté et déclin coexistent.
Enfin, si le film célèbre la beauté d’une existence en crépuscule, il laisse un goût d’inachevé, presque misogyne. À l’instar de sa protagoniste, la narration, plutôt que d’éveiller des interrogations, enferme le spectateur dans des évidences connues.