Il y a deux types de films ratés : ceux qui souffrent de vrais défauts et ceux qui n’ont simplement pas de qualités (ou pour le dire autrement, ceux qui ont à la fois du bon et du mauvais, et ceux qui n’ont ni bon ni mauvais).
Quartet est de cette dernière catégorie.
Certes, sa facture classique, éprouvée mille fois, le préserve de tout risque artistique. Certes, sa reconstitution léchée du Paris des années 20 est d’un intérêt historique certain. Certes, la beauté de ses décors, de ses costumes, constitue un socle de qualité minimum.
Pour ces raisons, ce film n’est pas une perte de temps et c’est déjà bien appréciable…
Seulement, l’art ne se réduit pas à du savoir-faire. Seulement, le classicisme, aussi éprouvé soit-il, ne peut se passer de l’inspiration.
Et c’est de cela dont Quartet aurait eu besoin. Mais de fait, rien dans ce film ne vient interrompre la monotonie du récit. Le scénario, les dialogues, la mise en scène manquent de fulgurances et de trouvailles, et ni la talentueuse Adjani, ni les autres acteurs ne peuvent y pallier.
À côté de ça, je suis gêné par une autre caractéristique du film, mais là ma critique est peut-être plus personnelle : j’ai de la peine à m’attacher aux œuvres dont tous les personnages sont antipathiques. Et c’est bien le cas ici. D’abord, le couple Heidler est d’entrée de jeu et irrémédiablement négatif. Le cas de Marya est plus complexe. On veut longtemps croire en elle. On la veut bonne, pour ainsi dire, car on a besoin d’aimer. Mais c’est là un espoir auquel Quartet ne donne pas suite : il y a peu de lumières chez cette faible femme non plus... Quant au quatrième comparse, Stephan, il est peu décrit mais il semble que James Ivory tient à nous informer par quelques détails significatifs qu’il n’est pas non plus des plus brillants (je pense par exemple à son mensonge sur le cheval à bascule). Il faut se faire donc, à une peinture grise de l’humanité avec toutes les nuances de la médiocrité et de la tristesse.
Toutes ses raisons font de Quartet un film respectable, potentiellement intéressant mais qui manque d’intensité et de chaleur. Qu’on se le dise.