Et dire que Pabst a passé toute la première guerre mondiale dans le camp de l'Ile-Longue en Bretagne, emprisonné comme ressortissant autrichien ! Ce film d'un réalisme implacable montre la fin de cette guerre sur le front ouest. Avec quatre soldats allemands : un étudiant, un Bavarois, le Berlinois Karl, leur lieutenant...
Les obus pleuvent sans cesse dans un déluge d'apocalypse, il faut parfois déterrer en urgence des hommes privés d'air sous les décombres des tranchées... Les mitrailleuses déchiquètent les corps, les blessés hurlent dans les trous d'obus... De nouvelles armes apparaissent : les fantassins avancent à l'abri des premiers chars, d'autres portent des masques contre les gaz de combat...
Le front est un enfer, réduit les humains en chair à pâté. Les soldats doivent être solidaires pour augmenter leurs chances improbables de survie. Comme eux, les spectateurs ont peu d'occasions de souffler ! Un soir les troufions rivalisent de plaisanteries pour les beaux yeux d'une cantinière. Au cours d'un spectacle de music-hall avec chanteuses et clowns, ils chantent, éclatent de rire et oublient leur angoisse. Rêver à la prochaine permission permet de tenir...
Amoureux, l'étudiant de leur section connaît sa première nuit d'amour entre les bras de la cantinière française. Le Bavarois boute en train répand la joie. Karl part retrouver sa femme à Berlin, où les pénuries alimentaires mettent les civils à rude épreuve... Trompé par sa femme, Karl revient au front la mort dans l'âme. Le lieutenant aime ses hommes, mais doit choisir des volontaires pour une mission suicide qui retardera une grande offensive des Français.
L'affiche du film est particulièrement expressive, avec son dessin agressif et ses couleurs funèbres. Elle résume bien un film humaniste qui dénonce les horreurs de la guerre. Entre Allemands et Français une bonne entente est possible, montre ce film pacifiste. Quand les Nazis arrivent au pouvoir, Joseph Goebbels ne s'y trompe pas et l'interdit dès 1933...