Le film de Claude Chabrol raconte l'obstinée volonté d'un homme de retrouver et d'assassiner le chauffard qui a tué son fils.
Avant d'entrer dans le vif du sujet et d'illustrer la froide résolution de Charles Thénier, Chabrol évoque avec sensibilité son épreuve douloureuse et le raisonnement qui pousse cet homme intelligent et lucide à la vengeance. Et l'attitude du personnage joué par Michel Duchaussoy est d'autant plus convaincante qu'elle exclut totalement, de la part de Chabrol, l'idée d'auto-justice et les relents populistes qui l'accompagnent couramment. Car Thénier est tout sauf un beauf.
On ne peut pas en dire autant de l'homme qu'il traque que le hasard va enfin aider à identifier. L'apparition de Jean Yanne au milieu du film est d'ailleurs un grand moment. L'homme est immonde, d'une grossièreté et d'une brutalité inouïes, qui tyrannise son entourage et incarne, de surcroît, cette bourgeoisie de province que Chabrol ne manque jamais de railler. Dans l'antre de l'ignoble Decourt, Thénier attend son heure.
La force du récit de Chabrol est de ne pas tout sacrifier au suspens introduit par la situation (et en dépit qu'il ne fait pas mystère sur l'identité du chauffard). Le cinéaste renforce l'intérêt et la crédibilité en préservant la gravité initiale du sujet et en insérant des indices psychologiques grâce auxquels les personnages sont, plus que des figures typées de roman noir, les sujets d'un authentique drame humain. L'interprétation est superbe et la maîtrise, l'intelligence de la mise en scène sont évidentes.